Protection (très) rapprochée [PV Yori] [chambre 50]

Un jour ordinaire se levait sur le Japon. Ordinaire ? Non, peut-être pas tabnt que ça, mais cela, seul l’avenir le dirait à Mitsuko qui se réveillait tranquillement, à 9h du matin, soit environ deux heures après tout le monde, et une heure après le début des cours. Mais qu’importait ? Elle était Mitsuko Ogawa, fille unique du directeur de l’académie, et cela lui donnait bien des droits dont elle ne se gênait pas pour profiter.

Une demi-heure plus tard, la demoiselle était prête et, chose rituelle, elle passait prendre son courrier dans l’administration. Car si le courrier était filtré afin de ne laisser échapper aucune information compromettante, ce n’était pas son cas à elle, qui recevait régulièrement des brochures qui finissaient invariablement, quelques minutes plus tard, à la poubelle.

Mais l’enveloppe d’une blancheur trop nette pour être honnête, portant son nom en caractère calligraphiés manuellement, l’intrigua, tant et si bien qu’elle la ramena dans sa chambre afin de la lire et au calme (et en perdant ainsi une heure de cours supplémentaires). Une fois assise à son bureau, elle déchira délicatement l’enveloppe qui laissa apparaître une lettre tout à son opposé : noire, calligraphiée blanc.

"Mitsuko Ogawa

Prépare-toi car notre rencontre ce soir sera la dernière de ta vie."

Mitsuko faillit éclater de rire, mais se retint de justesse. Ca fait très roman à l’eau de rose … Un peu trop, même. D’habitude, on ne lui envoie pas de lettres avant de l’attaquer, on le fait, et en général on ne s’en sort pas indemne. Pour la prévenir, il fallait que ce soit quelqu’un d’encore plus fou.

Ou que ce soit juste une blague. Une bonne grosse blague. Mis non, ca ne collait pas avec cette écriture soignée, et cette netteté. Quelque chose, en elle-même, lui disait de prendre ça au sérieux. Et puis … elle eut un petit sourire.

D’une démarche tranquille qui dénotait avec ce qu’on aurait pu attendre d’une jeune fille menacée de mort, elle se rendit au bureau de son père à qui elle exposa la lettre, et qui parvint à peu près aux mêmes conclusions qu’elle (que voulez-vous, la famille, c’est sacré ! Telle père, telle fille …) et lui enjoignit d’aller voir Matsuri pour avoir un SA qui passerait la nuit dans sa chambre (il faillit dire "avec elle", mais voyant l’interprétation douteuse qui pourrait en être faite, il s’abstint) afin qu’il ne lui arrive rien. Mitsuko cacha le sourire qui aurait prouvé à son géniteur que c’était là le seul but de sa visite, et alla voir sa pire ennemie avec une bonne humeur surprenante. Celle-ci répondit à sa demande avec un sourire crispé, et l’envoya ensuite bien gentiment voir ailleurs. Qu’importait, Mitsuko allait passer une superbe soirée … La journée passa donc plutôt rapidement, et lorsque le soir vint, Mitsuko rentra dans sa chambre pour y trouver le SA en question. Les connaissant tous, elle le reconnut de suite. Yori Akiba. Dommage, ce n’était pas celui qu’elle aurait préféré. Mais il n’était pas trop mal non plus … et elle se doutait que Matsuri ne lui aurait pas fait plaisir au point de lui mettre quelqu’un d’autre, en particulier un certain garçon avec qui Mitsuko avait des comptes à rendre …

- Alors c’est toi qui es chargé de passer la nuit avec moi ?

Oui, oui, la phrase est volontairement à double sens très cher … La soirée démarre fort, et Mitsuko compte bien la terminer en beauté …

7h15. Le radio-réveil de la chambre 44 s'enclencha laissant échapper une mélodie aux notes plutôt rock'n'roll, ce qui tira brusquement le propriétaire des lieux de son sommeil plutôt du genre profond. Celui-ci passa sa couette au-dessus de sa tête tout en gardant les yeux fermés, espérant ainsi retourner au pays des songes. Mais comme d'habitude, il dut se résoudre à se lever pour aller en cours. Heureusement pour lui, nous étions vendredi et demain, il pourrait dormir paisiblement aussi longtemps qu'il le souhaiterait. S'étirant de tout son long, le SA laissa échapper un long bâillement suivis d'un soupir résigné. Il se dirigea avec une certaine lenteur dans sa salle de bain où il passa directement sous la douche. L'eau fraîche réveilla définitivement le jeune homme qui après s'être lavé, enfila l'uniforme scolaire qu'il portait merveilleusement bien et y ajouta sa petite touche personnelle ; un bonnet assorti à ses habits.

7h30. Yori Akiba, jeune SA fraîchement entré dans sa 18ième année, quitta sa chambre de son habituel pas nonchalant pour se rendre à la cafétéria qui était bondée à ces heures-ci du matin. Il avala trois croissants et un jus d'orange tout en échangeant deux trois mots avec les gens avec qui il partageait la table de ce matin-là. Le jeune homme ne s'asseyait jamais à la même place et n'avait pas à proprement parlé sa bande de potes à lui. Il était plutôt du genre à vagabonder à droite et à gauche et faisait ainsi la connaissance de pas mal de personnes.

7h50. Après avoir bien mangé, Yori alla récupérer son sac et ses bouquins dans sa chambre avant de se rendre au premier cours de la journée.

8h00. Et la journée débuta enfin réellement. Le SA ne savait pourtant pas ce qui allait l'attendre par la suite...

16h30. La sonnerie qui annonçait la fin de la semaine retentit dans le bâtiment des lycéens et c'est non sans joie que Yori l'accueillit. Alors qu'il s'apprêtait à quitter la salle de classe, Matsuri, la professeur responsable de la Special Class A, l'interpella. Surpris, il alla à sa rencontre. Celle-ci lui confia la mission de passer la nuit avec Mitsuko Ogawa, la fille du directeur, pour une question de sécurité, car elle avait reçu une lettre de menace ce matin même. Il accepta sans autre. De toute manière, il n'avait pas le choix.

Yori ne connaissait pas vraiment cette fille. Il l'avait vu plusieurs fois, mais il n'avait pas encore eu l'occasion de lui parler. Par contre, le jeune homme était informé de la nature du don de la demoiselle qu'il trouvait par ailleurs assez intéressant. Il savait qu'il devrait se méfier. Ce genre de pouvoir pouvait prendre une grande ampleur et modifier certaine chose qu'on souhaiterait garder inchangé.

Le SA retourna dans sa chambre. Il devait se rendre au dortoir de Mitsuko seulement autour des 21h00 ce qui lui laissa pas mal de temps libre. Il en profita pour se changer et enfila un short gris à carreaux, un t-shirt noir XXL avec des motifs tribaux dessinés en blanc et une pairs de nike noire. Il retira son bonnet et ébouriffa ses cheveux pour leur donner un air désordonné. Puis, enfin prêt, il se plongea dans un livre passionnant qu'il avait commencé la veille.

L'heure tourna rapidement et bientôt, Yori se retrouva devant le dortoir de la dénommé Mitsuko Ogawa. Il frappa à la porte, mais personne ne vint lui ouvrir. Alors, il décida d'y entrer sans gêne. La pièce était grande et spacieuse. Le SA s'installa sur une chaise en attendant l'arrivée de la demoiselle qui ne tarda d'ailleurs pas. Elle était plutôt jolie, il fallait l'avouer. Mais quelque chose en elle faisait que Yori était sur ses gardes malgré tout.

- Alors c’est toi qui es chargé de passer la nuit avec moi ?

C'était plus une constatation qu'une question. Et le double sens de la phrase n'échappa pas au jeune homme qui esquissa un sourire presque amusé.

-Il faut croire que oui.

Répondit-il sur un ton tout à fait décontracté.

-Yori Akiba, pour vous servir mademoiselle.

Déclara-t-il ensuite très sereinement. Dieu seul savait ce qui allait se passer dès à présent et le SA se demandait bien quelle ampleur prendrait cette soirée.

- Alors c’est toi qui es chargé de passer la nuit avec moi ?

- Il faut croire que oui.

Oulah, quelle motivation … Pas super génial ça … Il va falloir utiliser les gran,s moyens apparemment. Mais bon … Elle a toute la soirée, non ? Elle peut bien prendre son temps … Zenitude totale … De plus, elle est chez elle, et il ne peut pas sortir ... Carton plein !

- Yori Akiba, pour vous servir mademoiselle.

Présentation dans les règles. Elle ne peut pas lui enlever ça. Le titre mademoiselle la fit légèrement sourire, mais après tout, elle voyait mal comment on pouvait l’appeler d’autre. Madame ne lui allait pas, elle n’était pas mariée, et était très loin d’avoir l’âge pour l’avoir sans ce titre. Quand aux miss Ogawa et autres, ça la faisait doucement rire …

- Pour me servir ? Tu augmente un peu le spectre de tes actions de la soirée, là …

Normalement, il était là pour la protéger (ce qu’elle ne voulait pas plus que ça, et dont elle ne considérait pas avoir vraiment besoin, mais bon …) mais la phrase qu’il venait de dire le mettait « à son service » ce qui était autrement plus dangereux pour lui, et autrement plus plaisant pour elle …

Alooooooooors … Que pourrait-elle bien faire ? Ou plutôt que pourrait-elle bien lui faire faire … That is the question … Bon, commençons bien … et calmement.

- Inutile de me présenter je pense, et inutile de te dire pourquoi tu es là. Cette chère Matsuri a déjà du s’en charger … Cela dit, je pense honnêtement que c’est une bonne farce, et je préfère donc te prévenir qu’il risque fort de ne rien se passer.

Elle s’avança dans la pièce. Après tout, c’était sa chambre. Elle n’allait pas rester toute la soirée plantée à la porte … Elle alla vers l’armoire d’où elle sortit sa chemise de nuit qu’elle jeta sur son lit, c'était déjà ça de fait pour plus tard. Elle n'avait pas l'intention d'aller dormir maintenant ... pas du tout.

- Cela dit, je n’ai pas l’intention de me coucher tôt, ou de rester plantée à attendre de voir si quelque chose arrive ou non. Donc, je compte m’occuper un peu …

Elle laissa planer un petit instant le silence, et se retourna vers lui, un grand sourire aux lèvres. Celui qui dit : « ne te méfie pas » avec tellement d’insistance qu’il dit exactement le contraire …

- La seule question est comment … une idée ? Ou je vais devoir faire appel à mon imagination …

Mieux valait pour Yori avoir une idée, soit dit en passant, parce que les idées de Mitsuko pouvait être très désagréable pour le second concerné, à qui elle demandait rarement son avis. Mais avec un peu de chances, ce ne serait pas le cas cette fois-ci …

Qui sait ?

- Pour me servir ? Tu augmente un peu le spectre de tes actions de la soirée, là …

Yori eut limite envie d'éclater de rire, mais rien ne l'indiqua à ce moment précis sur son visage devenu impassible. Il ne savait pas trop ce qui l'attendait... Mieux valait rester sur ses gardes.

- Inutile de me présenter je pense, et inutile de te dire pourquoi tu es là. Cette chère Matsuri a déjà du s’en charger … Cela dit, je pense honnêtement que c’est une bonne farce, et je préfère donc te prévenir qu’il risque fort de ne rien se passer.

Cette fois-ci, à nouveau, un léger sourire s'esquissa sur ses lèvres. Mais il ne répondit toujours pas, préférant attendre la fin du monologue de la demoiselle.

- Inutile de me présenter je pense, et inutile de te dire pourquoi tu es là. Cette chère Matsuri a déjà du s’en charger … Cela dit, je pense honnêtement que c’est une bonne farce, et je préfère donc te prévenir qu’il risque fort de ne rien se passer.

Elle laissa planer un petit silence, sans doute pour un effet de suspens... Ce qui amusait d'autant plus le SA. Comme elle était théâtrale !

- La seule question est comment … une idée ? Ou je vais devoir faire appel à mon imagination …

Yori fixa intensément Mitsuko de ses yeux bleus. Il craignait vraiment le pire. Il fallait qu'il trouve une idée et vite... Quelque chose qui lui ferait oublier ce qu'elle prévoyait de faire. Mais quoi ? Le lycéen ne la connaissait pas assez pour lui poser un ultimatum... Et c'était fort déplaisant pour lui. Alors il abandonna assez vite.

Toujours assis sur sa chaise, le garçon faisait mine de chercher une solution.

-Tu as beaucoup d'ennemis, n'est-ce pas ?

Pour le garçon c'était plus une affirmation qu'une question. Quelque chose lui trottait dans la tête.

-Je pense qu'il ne faut pas prendre à la légère ce genre de menace. Mais après c'est à toi de voir si tu tiens à la vie ou pas, finalement. Je suis ton garde du corps... Mais pas invincible.

Yori faisait parti des SA, certes, mais il avait déjà frôlé la mort à mainte reprise. Le plus souvent c'était dans des situations qui étaient presque devenues une routine pour lui. Pas assez concentré, il avait tendance à faire des erreurs qui en principe ne pardonnaient pas.

-D'un autre côté... Tu es trop maligne pour que quelque chose t'arrive. Donc, ma présence est peut-être inutile...

Et c'est ce qu'il pensait. Son don était sûrement puissant. Modifier les sentiments des gens et ensuite les manipuler... Trop facile pour arrêter une personne seule face à vous.

-Qui t'en veux ?

~~HJ : petit, désolé xD...~~

[petit ? TT enfin, tant que ça reste petit comme ça, mi, ça me va x) ]

L’esquive … Pas très courageux tout ça, mais diablement inventif. Ok … La soirée allait être finalement un peu intéressante quand même …

Elle se rapprocha du jeune homme assis sur sa chaise, qui pour une raison quelconque ne bougea pas. Se plaçant derrière lui, elle passa ses bras autour de son cou et plaça sa tête sur son épaule. Hop, on ne bouge plus …

- Sans vouloir être désobligeante le moins du monde, commença-t-elle avec une voix douce, tu ES inutile ici. Je peux me débrouiller seule s’il se passe quelque chose. Ce ne serait pas la première fois d’ailleurs. Ce la dit, une aide soit toujours la bienvenue à partir du moment où elle ne se transforme pas en gêne Mais …

Elle laissa encore un silence, comme si elle prenait le temps de réfléchir. Ce qui n’était pas totalement faux d’ailleurs, car elle cherchait comment exprimer l’idée qu’elle avait en tête convenablement. Elle profitait aussi un peu de sa position … mais chut !

- Passer toutes ses soirées en solitaire, c’est assez ennuyeux à la longue …

Comment ça elle mentait ? Mais non enfin ! Ou alors juste un peu … Pas toutes les soirées, mais la plupart … la moitié … Bon, ok, elle était loin d’être très seule le soir parfois. Mais quand même … La demoiselle détestait la solitude. Elle l’avait déjà suffisamment connue petite. Et comme il était trop tard maintenant pour changer …

- J’ai donc décidé d’en profiter pour obtenir un peu de compagnie.

Voilà, ça y était, c’était dit. La véritable raison de la présence de Yori dans cette salle était maintenant clairement énoncée. A lui de voir comment prendre la chose.

- Pour répondre à ta question, il y a tellement de monde qui m’en veut, à commencer par Matsuri elle-même d’ailleurs, qu’en faire la liste serait trop long. Aucune tentative n’a jamais réussi cependant, et la plupart n’était pas prévenue par une jolie lettre …

Elle resta ainsi un petit moment, l’épaule de Yori étant loin d’être inconfortable. Oui, la question était loin d’être idiote et inutile. Qui lui avait envoyé cette lettre ? Peut-être était-ce juste une farce, oui, mais dans le cas contraire ? Ce devait être quelqu’un de très sûr de lui … Enfin, il valait mieux pour lui, parce que sinon, il n’allait pas faire long feu s’il se montrait.

Que dire ? Ca allait passablement bien pour l’instant. Mais elle sentait l’Ennui tourner un peu autour d’elle, attendant le moment fatidique où, immanquablement, il reviendrait vers elle. Et où elle devrait trouver autre chose pour le faire repartir. Mais pour l’instant, ça allait.

- Enfin bon, pour le côté invincible, j’avoue que ça n’aurait pas été drôle … Les faiblesses sont toujours intéressantes à chercher …

Elle déposa un léger baiser au creux du cou de Yori.

- Et encore plus intéressantes à exploiter … Enfin, tout dépend du genre de faiblesse dont on parle bien sûr, de la personne en face de soi … et de la manière dont on les exploite …

- Sans vouloir être désobligeante le moins du monde, commença-t-elle avec une voix douce, tu ES inutile ici. Je peux me débrouiller seule s’il se passe quelque chose. Ce ne serait pas la première fois d’ailleurs. Ce la dit, une aide soit toujours la bienvenue à partir du moment où elle ne se transforme pas en gêne Mais …

Oula se dit Yori... Un "mais". Là, à vrai dire, il ne la sentait pas du tout... Mais alors pas du tout. Pourtant, le tout l'amusait. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas ressenti cette sensation de jouer au chat et à la souris. Mitsuko semblait presque oublier qu'il était bien plus malin que la moyenne des gens de cette école. Sinon, il serait sans doute mort et enterré depuis belle lurette.

- Passer toutes ses soirées en solitaire, c’est assez ennuyeux à la longue …

Le SA esquissa un sourire presque malgré lui. L'envie de rire était présente, mais il voulait attendre que la demoiselle ait terminé de poser les règles de son petit jeu.

- Pour répondre à ta question, il y a tellement de monde qui m’en veut, à commencer par Matsuri elle-même d’ailleurs, qu’en faire la liste serait trop long. Aucune tentative n’a jamais réussi cependant, et la plupart n’était pas prévenue par une jolie lettre …

Matsuri... Un sacré numéro cette prof. Peu de monde l'aimait et Yori en faisait évidemment partie. Comment affectionner un personnage qui faisait presque tout pour vous mener vers une mort quasiment certaine. Pourtant, ses qualités de professeur avaient tiré d'affaire plus d'un de ses élèves qu'elle envoyait fréquemment en mission. Beaucoup lui devait une fière chandelle, mais personne ne le reconnaitra un jour.

- Enfin bon, pour le côté invincible, j’avoue que ça n’aurait pas été drôle … Les faiblesses sont toujours intéressantes à chercher …

Yori attendait patiemment la fin du monologue de Mitsuko.

- Et encore plus intéressantes à exploiter … Enfin, tout dépend du genre de faiblesse dont on parle bien sûr, de la personne en face de soi … et de la manière dont on les exploite …

La demoiselle se tut. Malgré ça, le SA ne répliqua pas tout de suite. Il plongea son regard océan dans celui de son interlocutrice.

-On dirait que ton seul but dans ta vie est de t'amuser des faiblesses d'autrui...

Commença-t-il sur un ton calme et posé.

-Enfin, c'est l'impression que donne ton discours. Je dirais simplement que c'est un choix de vie, n'est-ce pas ? Ou tout simplement ton éducation qui a voulu ça.

Mitsuko Ogawa, fille pourrie gâtée depuis toujours ? Peut-être ou peut-être pas du tout. Elle était réellement énigmatique. Manipulatrice, ça ça se sentait à des kilomètres à la ronde, mais au fond, Yori savait très bien que le comportement d'une personne était dicté par le passé de celui-ci. Mais il n'était pas là pour ça. Sa mission, protéger la demoiselle et profiter de s'amuser, à sa manière par contre !

Jouer avec les faiblesses d’autrui ? Si on considère les sentiments comme des faiblesses ... Oui, en quelque sorte, c’était ça. Et ça l’amusait. Mettre les autres dans l’embarras, jouer avec eux comme avec des poupées ... ça l’amusait. Peut-être parce qu’ainsi, elle se prouvait qu’elle n’était pas bonne qu’à rien. Qu’elle avait la capacité de contrôler des gens, de les faire obéir.

Qu’elle valait plus que ce qu’on lui avait toujours dit qu’elle valait.

Après, un choix de vie ou une question d’éducation ... C’était une bonne question. Sans doute un peu des deux ... Après tout, depuis qu’elle était toute petite, elle était au service de l’académie, de son père plus précisément. Jamais réellement récompensée pour son travail, mais critiquée pour chaque erreur, chaque faux-pas.

Quand avait-elle commencé à faire la même chose hors de son « travail » que pendant ? Tellement longtemps ... et c’était venu tellement naturellement ... elle ne s’en rappelait même plus. C’était assez horrifiant, en fait, à bien y réfléchir.

Elle sourit. Le petit SA était intéressant. Son manque de réaction aussi. Les occasions n’avaient pourtant pas manqué, mais rien. Pas le moindre petit geste. C’était assez désespérant en même temps ...

Un courant d’air lui fit tourner la tête. Depuis quand la fenêtre était-elle ouverte ? Elle était pourtant sûre de l’avoir vue fermée quelques minutes auparavant ... Alors comment ? Un pincement au cœur. Comme une intuition. Hors si Mitsuko se fiait à quelque chose, c’était bien à son intuition, qui ne la trompait que très rarement ... Elle se redressa un peu, puis s’approcha de la fenêtre pour aller la fermer. C’est ce moment que choisit une petite boule pour passer par-dessus le bord de l’ouverture.

Tic ... Tic ... Tic ...

Elle avait déjà vu ça ... mais où ? Impossible de se souvenir ... Soudain, alors qu’on entendait comme un petit déclic s’enclencher, Mitsuko s’éloigna en courant vers le fond de la chambre.

- Couvre-toi les yeux !

A peine le temps de mettre un bras devant elle, BAM ! La grenade aveuglante déversait sa lumière incroyablement puissante dans la pièce. Lorsque l’obscurité revint, ou du moins une obscurité relative puisque les lumières étaient toujours allumées, Mitsuko se rendit compte que non, un bras seulement pour se protéger, ce n’était pas assez. Elle voyait un peu flou ... Elle fit cependant comme si de rien n’était, inspectant la pièce comme elle l’aurait fait normalement, et se rapprochant de la silhouette qui devait être Yori.

- Ca va ? Ou alors Matsuri a décidé de me laisser me faire tuer ce soir ?

Oui, elle était un peu inquiète ... et le but de l'ironie, c'était bien sûr de le cacher ...

Mitsuko ne répondit pas à Yori, mais elle se mit simplement à sourire. Le lycéen avait-il vu juste ? Probablement... D'un autre côté, elle ne semblait pas faire des efforts pour le camoufler. C'était le but du jeu naturellement...

Soudainement, la jeune fille se retourna en direction de la fenêtre qui était ouverte. Yori n'avait pas le souvenir de l'avoir vue ainsi. Bizarre... Mais le garçon n'eut pas le temps à la réflexion que déjà une sorte de grenade avait atterri entre les deux adolescents.

Tic, Tic, Tic ....

Oulà, ça n'annonçait vraiment rien de bon du tout...

- Couvre-toi les yeux !

Hurla Mitsuko en courant à l'autre bout de la pièce. Yori, lui, se roula instantanément sous le lit qui était à quelques mètres de lui. Il se roula en boule pour se cacher le visage. La détonation retentit bruyamment dans la chambre.

*Zut... Mitsuko !*

Pensa le SA avant de pouvoir correctement reprendre ses esprits. Il rouvrit les yeux. La fumée qui persistait réduisait considérablement le champs de vision du jeune homme. Mais ce n'était pas un véritable problème. Le souci était de retrouver la demoiselle avant que se soit celui qui avait lancé cette grenade. Tout à coup, il entendit la voix de Mitsuko.

- Ca va ? Ou alors Matsuri a décidé de me laisser me faire tuer ce soir ?

Elle semblait être éloignée d'environ cinq mètres de la position de Yori. Ce qu'elle ne semblait pas savoir c'était qu'elle n'avait pas parlé à la bonne personne.

*Merde !*

Fut la seule pensée qui traversa l'esprit du lycéen avant qu'il ne sorte de sous le lit et se jette en direction d'une silhouette qu'il venait d'apercevoir. Il la plaqua contre le mur et retourna le corps qu'il avait attrapé par derrière pour regarder son visage.

-Désolé...

Chuchota-t-il en découvrant les traits fins de Mitsuko. Leur visage n'était éloigné que de quelques centimètres. C'était assez embarrassant à vrai dire... Pendant un instant, le SA avait oublié que peut-être quelqu'un rôdait dans la chambre et attendait le moment propice pour les attaquer. Ce qu'il voyait le surpris quelque peu. Il pouvait lire de l'angoisse dans les yeux de la demoiselle... Cette fille qui semblait n'avoir peur de rien le surprenait de plus en plus.

*Zut, zut, zut ... !*

Deux conclusions : une bonne, une mauvaise. Elle ne s’était pas adressée à Yori : ça c’était la mauvaise. La bonne, c’était qu’il n’avait rien, vu la force avec laquelle il l’avait plaquée contre le mur avant de la reconnaitre. D’ailleurs, c’était plutôt étrange, il ne l’avait pas lâchée ... Simple oubli de sa part, ou intention réelle derrière ?

La mauvaise : elle était incapable de le regarder dans les yeux, tout simplement parce que même à cette distance, elle ne les situait pas encore totalement bien. Elle les ferma donc prestement, et baissa légèrement la tête. Avec un peu de chance, en les rouvrant, sa vue serait un peu revenue. On y croit fort, et ça se réalise ...

Elle avait eu peur. Elle, elle s’était inquiétée. Ca n’allait pas du tout. Pourquoi ? Parce qu’en temps normal, elle aurait privilégié sa sécurité, notamment en se protégeant derrière le SA, et pas en s’éloignant de lui. Non, décidément, ca n’allait pas. Elle changeait, depuis peu. Et les changements qu’elle voyait s’opérer n’étaient pas tous pour lui plaire. Oui, être égoiste lui plaisait assez, surtout quand ça lui permettait de continuer à respirer de l’air terrien, et d’éviter de manger les pissenlits pae les racines, comme on dit. Mais elle y réfléchirait plus tard. D’abord, reprendre son rôle. Le rôle de la fille du directeur, menacée mais qui s’en fiche et qui profite de la situation. La fille presqu’insensible, ironique et désinvolte.

- Désolé de quoi ? De t’être laissé distraire ? Je ne peux pas t’en vouloir. Tout comme je ne peux pas t’en vouloir de me bloquer contre le mur, même si certains nouveaux arrivants inopinés pourraient se poser des questions.

Oui, c’était le moins que l’on puisse dire. Yori maintenant Mitsuko collée au mur, proches plus qu’il ne le serait décemment recommandé, on était en droit de se questionner.

Elle rouvrit les yeux et plaça ceux de son interlocuteur au hasard, en espérant ne pas trop se tromper d’endroit. A priori, les deux tâches un peu plus sombres sur le visage, ça devrait être des yeux. Oui, la vue revenait lentement, mais sûrement.

Elle eut un petit sourire en coin, assez ironique et sarcastique.

- Tu comptes rester ainsi encore longtemps, ou alors tu fais le choix de 1. m’embrasser ou 2. me laisser respirer en te reculant légèrement ?

Savoir ce qu’elle, elle voulait, s’avérait en fait plus compliqué qu’elle ne l’aurait cru. Avant, elle aurait dit : 1. Elle n’aurait même pas proposé le 2, à vrai dire, se contentant de lui demander quand est-ce qu'il comptait l'embvrasser, ou bien encore plus simplement de l’embrasser, sans sa permission, peut-être, mais l’interdit à une telle saveur ... Pourtant, ce n’était pas le cas. Bizarre. Un bug dans le programme ? Qui sait ? Reste à savoir d’où il vient pour savoir de quoi il s’agit et le réparer au plus vite ... Ca ne pouvait pas continuer ainsi.

Et euuuh ... sinon, à part ça, personne d’autre dans la pièce ? Même pas un petit contrôle radar ? Non ? Bon, ben ... Mitsuko, reprends-toi vite ... Ca pourrait être dangereux de ne plus assurer ses arrières ... Surtout si la personne qui a balancé la grenade se décide à venir voir les dégâts ...

Mais en même temps, face à face avec Yori, on peut comprendre qu’elle se laisse distraire ...

Alors, 1 ou 2 ? ♫

- Désolé de quoi ? De t’être laissé distraire ? Je ne peux pas t’en vouloir. Tout comme je ne peux pas t’en vouloir de me bloquer contre le mur, même si certains nouveaux arrivants inopinés pourraient se poser des questions.

Impossible pour Yori de bouger. Etre hypnotiser, c'était l'expression qui collait à la situation présente. Elle était également très embarrassante. D'habitude prendre une décision, agir vite n'était pas un problème pour le SA... Pas cette fois-ci, apparemment.

- Tu comptes rester ainsi encore longtemps, ou alors tu fais le choix de 1. m’embrasser ou 2. me laisser respirer en te reculant légèrement ?

La franchise et l'insolence du ton que Mitsuko venait d'utiliser n'énervait pas le jeune lycéen. Au contraire, ça l'amusait et l'attendrissait en même temps. Car même si sa façon d'être semblait tout à fait naturelle, elle cachait au fond une sorte de jeux qu'elle maîtrisait à la perfection pour les gens qui ne lui prêtaient pas plus d'attention que ça.

1 ou 2...

Une chose était sûr, Yori sentait une présence dans la pièce, mais l'épaisse fumée qui les cachaient les protégeraient encore suffisamment longtemps pour qu'il se décide et qu'il mette la demoiselle en sécurité. Tout ceci était bien tentant et pourtant, et pourtant... Le cœur de Yori était déjà engagé dans une autre relation. Mais même si ses sentiments étaient très forts, la tentation était également très grande.

Il fallait qu'il fasse quelque chose et vite...

D'un naturel presque déconcertant, il se rapprocha encore plus de la demoiselle et déposa ses lèvres sur les siennes. Le contact fut bref mais intense. Puis, il eut juste le temps de soulever Mitsuko et de quitter avec une vitesse impressionnante l'endroit où les jeunes adolescents se tenaient. A peine avaient-ils bougé, qu'un couteau s'était déjà logé dans le mur. La personne qui lui en voulait ne faisait pas semblant en tout cas.

Caché dans un coin de la pièce, Yori guetta les éventuels mouvements de l'intrus.

-Tu penses que ton don arriverait à le calmer ?

Chuchota-t-il à l'oreille de la jeune fille. S'il elle y arrivait se serait ensuite facile à le neutraliser. Le problème c'est qu'ils ne savaient pas si l'agresseur avait un don ou pas et s'il en possédait un de quel type il était. En attendant, mieux valait se faire discret.

Il s’était ... avancé ? Il l’avait délibérément embrassée ? Voilà qui était plus qu’étonnant de la part du jeune homme. Mais c’était loin – très loin – d’être désagréable. Assez complexe à expliquer, mais elle ... appréciait ?

Elle se sentit soulevée et déplacée. En effet, Yori venait de l’emmener dans un autre coin de la pièce, lui sauvant sans doute ainsi la vie à entendre le sifflement qui s'arrêta dans le mur juste après leur départ.

- Tu penses que ton Don arriverait à le calmer ?

Il lui avait murmuré ça juste à côté de l’oreille, et elle mit un petit temps à capter le sens de ses paroles. Le calme ... le calmer ... déjà, SE calmer ... Ensuite, est-ce que son Don pourrait le calmer ...

*Hein ? De qui ? Aaaaah ! Le type là-bas !*

Oui, c’est bien Mitsuko. Le type qui depuis environ 10 minutes essaie de t’avoir et qui apparemment n’a pas dit son dernier mot. Ce serait peut-être bien, et ça pourrait être utile, de t’y intéresser un minimum, non ? Est-ce que son Don pourrait le calmer ? Sans aucun problème ... Elle aurait juste préféré garder toute son énergie, mais bon ... elle n’avait pas pensé que la lettre serait réelle, en même temps ...

Elle s’assit, et ferma les yeux. C’était dans cette position qu’elle serait la plus efficace. Elle étendit alors son esprit autour d’elle ... Non, on ne fouille pas chez Yori, on se concentre sur l’autre. L’autre ... C’est quoi son nom d’ailleurs ? Pas le temps de le chercher, la fumée n’est pas si opaque que ça ...

Un tourbillon compliqué son esprit ... Elle pourrait chercher pourquoi il lui en veut, mais préfère agir directement. Elle attrapa un sentiment proche du calme – la peur aurait pu lui donner des réactions inattendues, chose à éviter autant que possible – et l’amplifia. Un sentiment de bonheur absolu, de calme et de profonde béatitude envahirent alors l’intrus. Peu à peu, un sourire niais vint sur son visage. Il se redressa, perdant toute méfiance et protection.

Mais alors que ce moment aurait pu être parfait pour Yori pour tenter une quelconque approche, Mitsuko fit ce qu’elle faisait rarement. Elle craqua. Et ça, c’était pas très bon. Elle se sentait énervée. Enervée qu’on lui en veuille pour elle ne savait quoi. Enervée de ne pas pouvoir décider de ce qu’elle voulait faire. Enervée de tout et de rien. Lunatique la demoiselle ? Peut-être un peu ... Mais si peu ...

Mitsuko rouvrit les yeux et se releva, sans faire attention à Yori, entièrement tournée vers la troisième personne.

De redressé et tourné vers une lumière divine invisible, l’inconnu se prostra sur lui-même, tombant à genoux sous la culpabilité, la honte, le désespoir qui s’empara de lui. Il sourit ensuite à nouveau, reprit par son bonheur, avant de se mettre à pleurer, affligé de tristesse ...

Elle jouait. Comme elle savait si bien le faire. Elle jouait avec ses nerfs, et jouerait jusqu’à le rendre fou. Vengeance contre quoi ? Mystère. Mais il ne tiendrait pas si longtemps que ça ... Sauf qu’elle n’avait pas l’intention de s’arrêter. Il allait payer pour les autres.

Mitsuko s'assit et ferma les yeux avant de s'emparer des sentiments de son agresseur. La fumée opaque empêcha aux deux adolescents d'identifier le physique de la personne, mais Yori vit une silhouette se dessiner peu à peu. La personne en question semblait prête à tirer sur les deux lycéens, mais soudain, il tomba à genou. Le don de Mitsuko était en marche.

Alors qu'il s'apprêtait à aller immobiliser l'inconnu, la demoiselle rouvrit ses yeux et se leva d'un coup pour se diriger en direction de l'agresseur qui se mit soudain à se tordre dans tout les sens, à crier et à pleurer, avant de se mettre à sourire bêtement. Le tout tourna en cercle : bonheur, tristesse, douleur, bonheur, tristesse, douleur. Le SA savait qu'il ne tiendrait pas longtemps.

-MITSUKO ARRÊTE !

La demoiselle avait visiblement envie de se venger. C'était compréhensible, mais aucun être ne méritait de vivre ce qu'il était en train de subir. Yori tentait de raisonner Mitsuko, mais rien n'y faisait. Elle ne semblait pas entendre les propos du jeune homme qui hurlait désormais à la lycéenne de cesser cette torture.

*Jamais je n'aurais dû lui demander d'utiliser son don !*

Quelle erreur ! Il fallait qu'il trouve une solution et vite ! Rien d'intelligent ne lui passa par la tête, alors il se posta devant Mitsuko et planta ses yeux océans dans ceux de la demoiselle qui semblait totalement ailleurs.

-ARRÊTE !

Hurla-t-il pour la énième fois, mais la lycéenne ne bougea pas d'un millimètre et les cris de l'agresseur ne firent que d'amplifier à chaque seconde qui s'écoulait. Yori prit Mitsuko par les épaules et la secoua un bon coup. Rien ne changea.

*Mais bon Dieu qu'est-ce que je dois faire !*

Il était rare qu'une situation échappe au SA et lorsque c'était le cas une solution traversait son esprit assez rapidement, mais pour une fois il séchait et pourtant, il n'avait pas une minute à perdre sinon les conséquences seraient graves. Il fallait que Mitsuko pense à autre chose qu'à sa soif de vengeance, il fallait que le jeune homme détourne l'attention de la demoiselle sur quelque chose d'autre... Mais à quoi ?

Yori ferma alors les yeux et respira un bon coup. Quelques instants passèrent avant qu'il décide de se lancer. C'est là, qu'il captura avec une infinie délicatesse les lèvres de Mitsuko. Cinq secondes plus tard, le lycéen s'était remis dans sa position initiale : ses mains sur les épaules de la jeune fille, ses yeux dans les siens.

-Arrête...

Murmura-t-il dans un souffle.

Un murmure lointain semblait l'appeler ... Elle n'en avait rien à faire, totalement concentrée sur la torture de la personne - dont elle ne savait toujours rien d'ailleurs - au milieu de la pièce. Ce ne fut qu'un contact physique délicat mais accompagné d'un violent coup sentimental qui la ramena à la réalité. L'intrus tomba dans un état indescriptible lorsqu'elle relâcha son étreinte mentale.

Ses yeux océans se posèrent sur le SA qui la tenait encore par les épaules, la priant de s'arrêter. Elle s'apprêtait à s'excuser, lui dire qu'elle était désolée, mais ne dit rien. Désolée de quoi ? Elle n'avait rien fait .. Enfin ... elle ne regrettait pas ce qu'elle avait fait, plutôt. furieuse autant contre elle-même que contre le monde entier, elle enleva d'un geste sec les mains de Yori de ses épaules et se détourna, s'approchant de l'autre.

C'était un garçon. Plutôt petit, il paraissait relativement jeune. Collégien, peut-être un lycéen. Il était fin, et pas très musclé. Habillé de vêtements sombres normaux, ce qui prouvait qu'il n'avait que peu d'expérience dans le domaine, sinon il aurait un vêtement spécial. Il tait brun, des traits tirés, fatigués. Son visage, chose rare, ne disait absolument rien à la lycéenne. Elle connaissait pourtant toutes les personnesde l'académie ... Apparemment non. Ou alors, il était extérieur à l'académie, ce qui lui emblait peu probable ...

Elle alla prendre une ceinture dans son armoir et revint vers lui. S'agenouillant, elle lui attacha les mains.

- Ca devrait faire l'affaire. Il n'a pas l'air très dangereux, même si je me doute que les apparences sont trompeuses.

Elle retira d'ailleurs des poches du jeune homme - qu'elle ne se gêna pas pour fouiller - 4 autres couteaux et de bonnes paires d'autres lames de jet. Des armes d'attaque lointaine, hein ? Tss ... Le lâche. C'est ainsi, agenouillé près de celui dont elle ne voulait plus pénétrer l'esprit, qu'elle s'adressa à Yori, après un rapide scanner des sentiments du SA (comment ça ça ne se faisait pas ? mais rien ne lui était interdit, voyons ...).

- Pourquoi ? Tu es déjà engagé, non ? Ou alors, en tous cas, tu l'aimes. Il y avait d'autres manières de m'arrêter ... Pourquoi celle-là ?

Oui, elle voulait comprendre. Il aurait pu l'assomer - bon, elle lui en aurait voulu à mort, mais après tout ... - ou bien la forcer à aller ailleurs, qu'en savait-elle ? Tout ce qu'elle voulait savoir, c'était pourquoi il avait délibérament choisi cette façon alors qu'il était déjà appelé ailleurs ...

Mitsuko revint enfin à elle. Les deux adolescents restèrent quelques instants là, les yeux plantés dans ceux de l'autre. C'est la demoiselle qui se dégagea en première du lycéen qui la suivit du regard. La jeune fille se dirigea vers son agresseur ; c'était un garçon plutôt jeune et frêle. Par la suite, Mitsuko se dirigea vers son armoire pour y prendre une ceinture qu'elle utilisa pour attacher les membres du jeune homme encore inconscient.

- Ca devrait faire l'affaire. Il n'a pas l'air très dangereux, même si je me doute que les apparences sont trompeuses.

Yori acquiesça d'un léger signe de tête positif. Par précaution, la demoiselle fouilla les poches de l'agresseur et en retira plusieurs couteaux et autres objets contondants. Le visage de Yori était totalement dénué d'expression. Son regard océan qui était d'habitude étincelant semblait éteint, vide. Aucune pensée ne traversa en ce moment son esprit pourtant si encombré en temps normal. C'était comme s'il avait reçu un choc électrique violent.

- Pourquoi ? Tu es déjà engagé, non ? Ou alors, en tous cas, tu l'aimes. Il y avait d'autres manières de m'arrêter ... Pourquoi celle-là ?

Demanda Mitsuko. Yori ne réagit pas et ne la regarda même pas. Il se posait exactement la même question. Il ne comprenait pas pourquoi il avait agit ainsi. Le SA aurait très bien pu assommer la demoiselle pour qu'elle arrête de torturer le garçon qui gisait toujours sur le sol de la chambre. Ou encore la faire sortir de la chambre par la force et ensuite s'occuper de l'agresseur qui aurait de toute manière été facile à maîtriser après le choc émotionnel qu'elle lui avait fait vivre.

Quelques minutes s'écoulèrent. Un léger sourire éclaira alors le visage de Yori qui semblait revenir à lui. Il posa son regard qui avait un peu repris son allure d'antan pour le poser sur Mitsuko.

-Des fois, on fait des choses désespérées dans des situations qui nous semble désespérées.

Sa réponse n'avait rien de révélateur. Elle était vague et donnait à son interlocutrice plus l'envie de réfléchir que de calmer les questions qui devaient tournoyer dans sa tête en ce moment. Le problème c'est que Yori lui-même n'en avait aucune idée...

Des choses désespérées dans des situations désespérées ... Oui, pourquoi pas après tout. C'était une réponse comme une autre, même si elle n'avançait pas du tout Mitsuko. D'ailleurs, ça l'agaçait un peu. Ne pas comprendre ... ne pas décider ... Puéril comme réaction ? Certes. Mais après tout, on parle de Mitsuko, là ...

Elle se releva et s'approcha de lui, le regardant droit dans les yeux. Situations désespérées ? Qu’est-ce qu’il entendait par là ? A quel moment une situation devenait-elle désespérée ? Jusqu’où pouvait-il aller dans une situation désespérée ? Et en quoi l’embrasser était-il un geste désespéré ? Ca faisait beaucoup de question, et assez peu de réponses ... a vrai dire, aucune réponse.

Elle se campa devant lui et croisa les bras.

- Tu aurais pu dire « j’en sais rien » au lieu de sortir une phrase qui veut tout dire autant que rien. Je ne t’aurais pas mangée si tu m’avais dit ça.

« Je n’ai encore mangé personne ». Huuuum ... Le temps de réflexion est trop long pour avoir le temps de réfléchir pour voir si elle la disait ou pas. Autant ne pas la dire alors.Ca évitera de dire des choses fausses. Elle soupira.

- Bon, et en attendant ... On fait quoi de lui ?

En attendant quoi ? Bonne question, et encore aucune réponse satisfaisante à proposer, désolée. Sans se retourner, elle pointa du doigt vers l’arrière le garçon toujours étendu au centre de la pièce.

[Petit, mais je pense que ça permet quand même une réponse ... désolée ^^']

La réponse de Yori au sujet sur ce qui s'était passé il y a à peine cinq minutes avait été on ne peut plus vague. Lui-même n'avait pas compris ce qui lui avait pris d'agir ainsi...

- Tu aurais pu dire « j’en sais rien » au lieu de sortir une phrase qui veut tout dire autant que rien. Je ne t’aurais pas mangée si tu m’avais dit ça.

Un petit sourire étrange s'était dessiné sur les lèvres du garçon. Elle n'avait pas tort, mais cette réponse ne lui avait même pas traversé l'esprit, même si c'était la plus simple à donner dans ce genre de situation. Son manque de tact l'impressionna lui-même. D'habitude, il n'avait aucun mal à justifier ses faits et gestes, mais là il n'y comprenait vraiment plus rien.

Alors que ses réflexions pour comprendre le comment du pourquoi fusaient dans tous le sens dans son esprit qui se trouvait être bien plus compliqué qu'il n'y paraissait, Mitsuko le ramena rapidement à la réalité.

- Bon, et en attendant ... On fait quoi de lui ?

L'agresseur gisait inconscient sur le sol dur et froid de la chambre de la demoiselle. Il était bâillonné donc il ne représentait potentiellement plus aucun risque pour les deux adolescents. Mais mieux valait être prudent, car il était possible que celui-ci possède un don qui lui permettrait peut-être de se libérer et de reprendre ce qu'il n'avait pas terminé.

-Je pense qu'il faudrait l'amener à ton père. Lui, saura comment s'y prendre. Ou à Matsuri ? C'est comme tu préfères...

Déclara-t-il sur un ton neutre. Le silence s'installa ensuite. Yori voulait dire quelque chose de constructif, mais rien ne sortit de sa bouche à part un petit :

-Pardon... Je sais pas ce qui m'a pris.

Voilà, il l'avait dis. Mais cette phrase n'eut pas l'effet escompté et ne le libéra pas d'un poids. Pire, cela renforça encore un peu plus son perpétuel tourbillon de questions. D'un autre côté si Mitsuko n'avait rien ressenti ça devrait aller non ? Le truc, c'était qu'il ne savait pas comment elle l'avait vécu...
Yori secoua la tête. C'était débile ! Tout ça pour ça... Les filles on dit que c'est compliqué ? Les garçons c'est plus simple ? Bof, pas sûr...