Dans ses mauvais jours... [PV: Motoko Keisang]

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Des yeux cernés, une démarche d’un zombie. Mais qui était cet étrange spécimen à errer dans les couloirs ? Tel un fantôme portant sa peine. A à peine huit heures du matin ?! Vous ne trouvez pas ?
Ayumi , classe F. Eh oui, elle manquait cruellement de sommeil. Cette dernière n’arrivait décidemment pas à dormir convenablement dans ce pensionnat. Pourtant, elle n’avait jamais eu besoin de beaucoup de sommeil pour être en forme mais là, c’était vraiment pas assez. Quel effort surhumain elle avait du faire pour se lever… Les cours commençaient dans dix minutes. Trop loin pour notre chère lycéenne qui se dirigea dans une toute autre direction que sa classe. Elle avait tout le mal du monde à aligner un pied après l’autre. L’être délabré allait là, où le menait ses pas, lents et lourd, bien loin des coussinets furtifs qu’il pouvait avoir. Après avoir enchainé plusieurs couloirs – à moins qu’elle n’ai fait que quelque pas - elle se retrouva au jardin.
Le jardin. Il était vraiment à l’échelle du reste de l’internat, c’est-à-dire immense. Lorsqu’Ayumi l’avait vu pour la première fois, elle en fut vraiment surprise - agréablement surprise. Grand, verdoyant et très coloré. Il y avait de nombreuses sortes de fleurs, peut-être même des milliers ! Bien évidemment, il n’était pas question de marcher dessus, signalait un panneau en face d’elle. Pour une fois elle était en accord avec le règlement. Il ne fallait pas gâcher cela.
Ayumi s’assit sur un banc, de ses yeux vides elle arrivait tout de même à contempler le jardin. La jeune fille s’allongea sur le bois dur.

* Fatiguée, je suis crevéééééééééééée TT_TT *

Elle soupira et, sans s’en rendre vraiment compte, finit par s’endormir. Huit heures du matin, dans un paradis floral, Ayumi finissait sa nuit.
Les élèves qui passaient devaient se demander ce qu’elle fichait là, si un surveillant passait par là ; elle serait sans aucun doute en retenue. Mais peu importe, pourvu qu’elle DORME !

…

… …

… … …

Cela faisait deux bonnes heures qu’Ayumi dormait, seule, telle une SDF alors qu’elle avait une chambre avec un bon lit douillet. Pourtant elle dormait mieux là que dans son lit, justement.
La cloche venait de sonner, c’était la récréation pour certain, d’autres se promenaient en amoureux ou entre amis car ils n’avaient pas cours. La jeune fille elle, dormait toujours et très profondément. D’ailleurs, elle était en train d’osciller entre le vide et la planche de bois. Oui, Ayumi était sur le point de tomber. Mais dans un sommeil, elle ne s’en rendait pas compte. Oh loin de là ! Dans sa tête, elle était toujours au pays des merveilles avec des petits poneys et un prince charmant. Bah quoi ? On ne contrôle pas ses rêves…

« BADABOUM !! »

Plusieurs rires, plus ou moins étouffés, retentirent : on se moquait d’elle. C’est vrai, sa chute était comique, mais quoiqu’il en soit, ces individus devraient fuir s’ils tenaient à leur vie… Le temps qu’Ayumi reprenne ses esprits et :

« C’EST MON PIED DANS LE CUL QUE VOUS VOULEZ ?!! »

Ils déguerpirent. A présent tout le monde la dévisageait. Elle rougit légèrement car elle n’était mal coiffée, à peine maquillée et toute débraillée.

*La honte -__-*

Elle soupira.

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« Pas cours aujourd’hui pour la classe D. »
L’affiche était peut être claire, mais néanmoins plutôt mystérieuse… Était-il possible de savoir pourquoi les cours étaient annulés et pourquoi juste pour la classe D ?
Motoko avait bien essayé d’interroger ses camarades de classes, mais les réponses avaient été :
« Ché pô.
- Aucune idée.
- Euh….
- T’as qu’à demander à l’administration ! »
Bon. Enfin, l’important était qu’il n’y avait pas cours, non ? Car même si Motoko se comportait en vraie petite fayotte, espérant gagner la confiance de ses professeurs, elle n’en détestait pas moins les cours et tout ce qui pouvait y rapporter.

La jeune fille marchait. Elle ne savait pas quoi faire. Évidement, en bonne petite élève, mais aussi pour être débarrassée, elle avait fait tous ses devoirs pour les semaines à venir. Motoko réfléchit. Elle avait une journée de libre, soit un peu plus de douze heures à tuer. Et elle s’ennuyait déjà alors qu’il n’était que huit heure du matin. Pfff, elle était vraiment dans un cas désespéré…
Soudain, une idée folle lui traversa l’esprit. Umi. La mer. Cela faisait une éternité que l’adolescente n’avait pas vu la mer. Et, qui sait, peut être qu’elle était toute proche ! Oui, en plus, il lui avait semblé entendre que les primaires travaillaient sur la plage ! Motoko, ravie, sortit du préau dans lequel elle s’était arrêtée pour arriver dans le jardin. Elle déploya ses grandes ailes blanches et s’éleva dans les airs. Lorsqu’elle fut assez haut, la jeune fille scruta les alentours. Mais sa déception fut de taille. Elle avait beau regarder minutieusement l’horizon, pas la moindre petite tache bleue. Rien que des arbres, des arbres et encore des arbres ! L’adolescente redescendit et, une fois au sol, cogna rageusement son poing dans un pin, ce qui n’eut d’autre conséquence que de faire saigner ses phalanges et lui arracher un petit cri de douleur. Elle ne prit même pas la peine de rentrer ses ailes, et les gens la regardèrent d’un œil bizarre.

Motoko se remit à marcher. Elle finit par arriver au fond du jardin. Il y avait deux ou trois couples qui s’embrassaient, une bande de filles qui ricanaient bêtement et une fille qui dormait sur un banc. Motoko continua d’avancer jusqu’à ce que…

*BADABOUM !*
La fille assoupie était tombée de son banc.
*Pas douée…*
Mais à ce moment là, cet évènement lui rappela un vieux souvenir, enfoui au plus profond de sa mémoire…

Flashback :
Motoko esquissa quelques pas de danse, debout sur le banc de bois. Le petit garçon en face d’elle applaudit en riant. Elle fit deux ou trois révérences.
« Grazie, grazie !* »
La petite recommença à danser, plus énergiquement cette fois. Soudain, son pied glissa et elle finit cul pardessus tête. Elle se mit à pleurer, de plus en plus fort. La mère de Motoko arriva en courant.
« Oh, ma chérie ! C’est bon, ça va passer ! Ne t’inquiète pas maman est là ! »
La petite fille arrêta de pleurer et se nicha dans les bras de sa mère.
« Maman sera toujours là pour te protéger, mon ange… »

Motoko se laissa tomber sur ses genoux, les mains s’agrippant inutilement à l’herbe qui recouvrait le sol. Si seulement… Si seulement sa mère avait su, si seulement elle ne lui avait pas fait cette promesse qu’elle ne tiendrait pas ! Les larmes aux yeux, l’adolescente était tellement perdue dans ses pensées qu’elle ne remarqua pas quand la fille qui était tombée de son banc menaça les élèves qui s’étaient moqués d’elle, ni quand celle-ci s’adressa directement à elle. Décidément, cette journée avait vraiment très mal commencé !

* Merci, merci !

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Ayumi partit se réfugier derrière l’arbre le plus proche, celui qui avait un tronc assez large pour se cacher derrière. Heureusement, elle ne sortait jamais sans son sac à main dans lequel se trouvait une petite trousse de toilette contenant des produits de beauté. A l’aide de son miroir de poche et à l’abri des regards. Elle se maquilla et se coiffa rapidement. La jeune fille avait la même tête que lorsqu’elle se levait le matin. Pourtant elle n’avait faire qu’une courte sieste. Qu’est-ce qu’elle avait dut bouger pendant son sommeil ! Après avoir fini de s’occuper de son apparence, elle rangea le tout dans son sac. La lycéenne, adossée à l’arbre, leva les yeux au ciel. Il était bleu, tout bleu. Après quelques courtes minutes, Ayu se leva, ceux qui s’étaient moqués d’elle n’étaient plus là ; du moins elle ne les voyait pas. La jeune fille s’étira, elle n’allait tout de même pas rester comme ça pendant toute la jorunée… ? De toute façon, elle n’avait rien d’autre à faire.

Peu importe, elle s’engagea sur l’une des nombreuses pelouses verdoyante du jardin. L’herbe était longue, fine et délicate. Ses pieds s’enfonçaient dans la terre meuble à chacun de ses pas. Elle avait bien envie d’enlever ses chaussures. Soyons fous ! Ayumi ôta ses hauts talons et les porta du bout des doigts tout en marchant. Elle chantonnait et tournait. Cette dernière essayait de se convaincre que ca allait être une bonne journée.
Sans s’en rendre compte, elle failli tomber sur une fille qui était agenouillée derrière elle. En fait, Ayu, en tourbillonnant – telle une gamine – ne l’avait pas remarquée. Fort heureusement, elle avait une vision à 360° et l’avait vue attend. Enfin… Devrais-je dire trop tard. Effectivement, la jeune fille battait des bras pour ne pas s’affaler sur l’inconnue. Cette posture lui donnait l’air d’un oiseau enragé ou d’une demeurée – cela dépends de votre point de vue. Elle était en déséquilibre mais après plusieurs efforts, elle réussi à se stabiliser ; ouf ! Celle-ci n’avait pas envie de tomber une nouvelle fois. Elle n’avait vraiment pas de chance de ce côté depuis quelques temps…
La lycéenne resta dos à l’étrangère puis fit volte-face. Soudainement, elle lui lança énergiquement avec un soupçon de méprit :

« Un problème ?!! »

Pas d’inquiétude, Ayumi partait encore dans sa paranoïa. Bien sur la petite fille aux longs cheveux n’avait rien fait de mal, mais l’autre aux cheveux roses accusait tout le monde à tort et à travers. Apparemment, cette petite n’échappera pas aux éclairs de notre chère Ayumi.
Tout à coup, elle se stoppa pour détailler celle qui se tenait, à présent, en face d’elle. Ses longs cheveux de couleur prune retombaient en cascade sur ses frêles épaules et encadraient joliment son visage enfantin. Ses yeux noisette étaient inondés par les larmes. Ayumi se baissa tout en la fixant dans les yeux. Elle regardait les larmes couler sur les pommettes de la jeune fille. celle-ci devait avoir quatorze ans, pas plus se dit-elle.
Quand aux larmes…

« Qu’est-ce qu’il y a ?... T’a perdu ta maman ? »

Lui dit-elle d’un ton faussement compatissant en faisant en sorte d’exagérer son air triste afin qu’elle comprenne que c’était purement moqueur. Quelques courts instants après, elle alla s’assoir à côté de l’inconnue. Ayumi caressait doucement l’herbe fraiche tout en guettant une quelconque réaction de sa voisine.

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Motoko releva doooouuuucement la tête. Face à elle se tenait une jeune femme. Elle possédait de longs cheveux roses flashy, un visage aux traits fins, une grande taille, une tonne de maquillage ainsi que deux grands yeux violets. Pour tout dire, elle était assez étrange. Enfin, vous en connaissez beaucoup, vous, des filles aux cheveux roses et aux yeux violets ?
*Depuis quand elle est là, celle-là ?*
Motoko avait été tellement perdue dans ses pensées qu’elle ne l’avait même pas remarquée. D’ailleurs pourquoi avait elle été interrompue, déjà ? Ah, oui, la fille lui avait parlé. Et qu’est-ce qu’elle lui avait dit ? « Qu’est-ce qu’il y a ?... T’a perdu ta maman ? »

…

… …

… … … (<= le temps que ça monte au cerveau)

*Quoi ?? Pour qui elle se prend cette pétasse de mes deux ?? *
Motoko effaça une dernière larme, encore accrochée à ses cils, qui n’avait pas encore roulé sur sa joue.
Elle serra les poings et les dents, signe d’un éclat de colère imminent. Elle avait envie de claquer « la pétasse » si fort qu’elle en aurait avalé son dentier…bien que la jeune fille doute qu’elle en ait un. Cela lui arrivait souvent, ces derniers temps. Pourtant, Motoko n’était pas tellement d’un naturel colérique… Décidément, ce pensionnat ne lui allait vraiment pas !
Cependant, malgré son envie irrésistible de faire de la lycéenne qui se trouvait devant elle de la chaire à pâté, Motoko se retint. La dernière fois qu’elle avait frappé quelqu’un, ça avait mal tourné, et la jeune fille n’avait vraiment pas envie de revivre cette expérience une nouvelle fois. En plus, la fille aux cheveux roses était plus grande et sûrement plus musclée qu’elle, derrière ses apparences de petite-peste-qui-ne-fait-que-penser-à-son-look-et-à-l’image-qu’elle-donne-d’elle-même.
Elle opta plutôt pour le sarcastisme. Cela lui donnera l’air plus intelligent, ce qui était préférable, plutôt que d’avoir une réputation de grosse brute.
« Je vois pas ce que ma mère a à faire là-dedans. Elle va très bien, à pourrir dans sa tombe. »
Motoko avait dit ces mots avec un ton cassant, presque méchant.
*Ahahaha ! Prend-toi ça dans les dents ! Non mais !*
Bienvenue en maternelle. Je vous présente Motoko Keisang, cinq ans d’âge mental.

La jeune fille se releva, tourna les talons et commença à s’éloigner, d’un pas digne, fière de son ~~très~~ petit exploit. Finalement, elle se retourna et fixa la lycéenne dans les yeux.
« Au fait, tu as une énorme bosse sur le front. C’est vraiment très laid. »
La jeune fille fit un léger sourire, qui paraissait être compatissant, mais qui était en réalité purement moqueur.
*Ahahaha, la phrase qui tue !*
Pardon, je rectifie : deux ans d’âge mental.

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Ayumi était assise sur le sol verdoyant qui constituait le jardin de Takuetsu, enfin une petite partie du jardin. L’autre partie, la plus grande et la plus magnifique, était parsemée de fleurs multicolores. Elle regardait sa voisine tout en tripotant quelques innocents brins d’herbes. La collégienne [d’après son uniforme] était longue à la détente. N’avait-elle pas entendu ce que lui avait dit Ayumi ? Elle devait être enfouie dans ses pensées, avec ses pleurs. Mais au bout d’un instant, elle effaça ses larmes et serra ses poings ainsi que ses dents. Ayumi haussa les sourcils avec un air de dédain. Elle avait dut l’énerver. C’est qu’elle était impulsive la petite, comme elle. Ayu sentit comme une aura meurtrière qui émanait de chez son interlocutrice et s’imaginait très bien ce qu’elle aurait eu envie de faire. Heureusement pour elle, elle ne le fit pas, sinon cette dernière l’aurait amèrement regretté. A la place de toute cette violence, elle se contenta de protester d’un ton assez méchant :

« Je vois pas ce que ma mère a à faire là-dedans. Elle va très bien, à pourrir dans sa tombe. »

La jeune fille avait l’air fière de sa riposte. On aurait dit une gamine, une vraie gamine d’école primaire… Et encore. Quoiqu’elle ait l’air plutôt jeune, Ayu en conclut donc que c’était une gamine. Cette dernière devait surement attendre qu’Ayumi ré-enchérisse pour ré-enchérir à son tour. Mais la lycéenne ne dit rien, elle resta pensive. Tout à coup elle prononça les mots suivant :

« Bizarre… J’pensais les petites fayottes dans ton style imaginaient leur mère au paradis et non en train de pourrir dans une tombe. »

A peine eut-elle le temps de terminer sa phrase que la jeune fille se leva et commença à partir. Ayumi l’ignora et continuait de fixer droit devant elle, les yeux vides et dénués de sentiments. Tampis si elle ne voulait pas parler. De toute façon rester seule lui était égal surtout si c’était pour être accompagné de cette fille. Mais contre toute attente, l’anonyme se retourna et ajouta :

« Au fait, tu as une énorme bosse sur le front. C’est vraiment très laid. »

* Raaaah !! Tu crois m’apprendre qu’elle que chose ? *

« ‘spèce de gamine »

Dit-elle à voix basse dans la continuée de sa pensée, sans savoir si l’autre avait entendu. De toute manière, cela lui était égal. Ayumi ne prit pas la peine de vérifier les dires de son interlocutrice car elle savait très bien qu’elle s’était fait mal à la tête en tombant, elle aurait l’air encore plus nouille en se massant la tête devant la collégienne. Et malgré qu’elle se soit massé l’endroit où elle avait mal, après sa chute. Cela restait assez douloureux et, en effet, cela devait être très moche. De plus, elle avait tenté de la dissimiler derrière l’une de ses longues mèches roses, mais rien n’y faisait ; l’horrible bosse était toujours visible. Loin d’être atteinte, Ayumi lui répondit simplement, d’un ton plutôt méprisant :

« Et alors ? »

C’est vrai qu’est-ce que cela pouvait lui faire ? En plus, elle l’avait surement vue tomber du banc et crier après ces foutus élèves mais ce n’était peut-être pas assez à son goût pour y rajouter une couche en retournant le couteau dans la plaie. Ok, Ayumi n’avait pas été très correcte, c’était une réaction normale. Mais celle-ci ne reconnaissait jamais ses fautes, pour elle c’était normal des s‘adresser aux gens comme cela. C’était un jeu, oui la vie était un jeu. Comme les échecs avec des pièces plus ou moins puissantes, des sacrifices, de la stratégie – beaucoup de stratégie – et surtout de l’expérience. Sauf que là, la partie était plus longue et plus excitante qu’une banale partie d’échecs.
Bref, Ayumi restait les yeux rivés sur son interlocutrice en attendant une quelconque réaction.

[HJ: Please, Motoko-chan, je peux savoir le nom de la couleur des paroles de ton perso ?]

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[Ma couleur d’écriture => yellowgreen]

« Et alors ? »
La fille lui aboya ces paroles d’un ton hargneux.
*Et alors, ça gâche tous tes petits efforts inutiles pour paraître belle et plus sûre de toi, ma vielle ! Pfff...*
Motoko aurait pu lancer cette phrase négligemment et se barrer vite fait ensuite, histoire d’arrêter la conversation là où elle en était et de ne plus jamais entendre parler de la lycéenne aux cheveux roses qui lui faisait face, mais elle ne le fit pas. Elle se sentait d’humeur magnanime aujourd’hui, d’une humeur qui lui donnait envie de donner une seconde chance aux gens, peu importe qui ils étaient et ce qu’ils avaient bien pu lui faire. Et puis, au cas où je ne l’ai pas déjà dit, Motoko s’ennuyait ferme, même plus que ça, effroyablement, et lier une amitié avec cette fille promettait d’être excitant. Un peu comme défier quelqu’un à chaque seconde, sans savoir comment il va réagir.

La jeune fille poussa un soupir et s’approcha de la lycéenne. Là elle s’agenouilla sur l’herbe fraîche, où la jeune femme était restée, et prit des mains le sac de cette dernière, sans pour autant le lui demander auparavant. Elle l’ouvrit et se mit à chercher frénétiquement dedans.
*Une fille pareil devrait forcément en avoir sur elle, non ? *
Bingo ! Finalement, ses hypothèses se révélaient justes : l’adolescente aux cheveux roses avait effectivement un pot de fond de teint dans son sac. Enfin, vu la taille de ce dernier, le contraire aurait été étonnant.
Motoko ouvrit le couvercle du pot et promena son doigt sur la couche de maquillage, afin de l’en parsemer. Puis, une fois qu’il fut entièrement recouvert de fond de teint « beauté blanche », elle l’appliqua doucement sur la bosse rouge violacé et proéminente qui ne cessait d’enfler sur le front de la jeune femme. Motoko eu d’abord peur que celle-ci la repousse, la frappe, la charcute et j’en passe et des meilleurs, mais il n’en fut rien. La lycéenne se laissait tout simplement faire, à la plus grande surprise notre jeune fille ailée, qui finit par étaler le maquillage avec un peu plus d’assurance.
Le contact avec la peau de l’adolescente aux cheveux roses était doux et frais. La jeune fille n’avait pas l’habitude de toucher les gens, et ce fut une sensation plutôt agréable qu’elle éprouvait en essayant tant bien que mal de dissimuler la blessure de la lycéenne.

Lorsque Motoko eu fini, la bosse ne se voyait presque plus, juste une petite tache un peu plus rose que la peau, au-dessus de l’œil gauche de la jeune femme.
*C’est quand même mieux comme ça... *
Elle rangea le maquillage dans le sac aux tons bleus de la lycéenne puis releva la tête et planta ses deux yeux marrons-jaunes dans les prunelles de son interlocutrice. Jusqu’alors, aucune parole n’avait été prononcée, et ce fut elle qui rompit le silence. Ce fut juste un murmure, inaudible pour toute personne se trouvant à plus d’un mètres des deux élèves, qui n’étaient elles séparées que par quelques centimètres l’une de l’autre.
« Une fayotte et une gamine, hein... »
Motoko leva les yeux au ciel et soupira. Puis, avec un petit sourire triste :
« Au moins, cela prouve que j’ai réussi mon coup... »
Devant le regard inquisiteur de la jeune femme, le sourire de Motoko s’étira.
« Si tu connaissais le fond de ma pensée, mes véritables intentions, tu ne me traiterais sûrement pas comme telle... »
Car après tout, cette fille savait pour sa mère, alors pourquoi pas pour le reste ? L’entreprise était peut être risquée, et tous les efforts qu’elle avait fait jusqu’à présent seront peut être réduits à néant, mais elle pouvait toujours essayer. De plus, Motoko n’était pas contre une rebelle dans ses relations, et cette fille avait le profil parfait. Et puis, de toute façon, une amie de plus n’était jamais de trop ! Leur relation était plutôt bien partie, puisqu’elle avait échappé à une chaire-à-patétisation plus que probable et réussi à engager une conversation plutôt polie. Finalement, cette journée ne serait peut être pas aussi mauvaise que ça...

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Motoko avait l’air exaspérée par la réponse arrogante de la lycéenne. Il y avait de quoi. Cette dernière se demandait à quoi est-ce qu’elle pouvait bien penser… Se disait-elle qu’elle était stupide ? Ou alors, en bonne petite fayotte, allait-elle la dénoncer aux professeurs car elle séchait les cours ? Impossible, elle n’aurait pas pu le deviner… En tout cas, elle s’était était revenue s’assoir auprès de la jeune fille aux cheveux roses bonbons. Ayumi se contenta de la regarder soupirer sans rien dire, son interlocutrice s’agenouilla dans l’herbe. Elle garda les yeux posés sur celle-ci avec un léger sourire de satisfaction.

* Ils finissent tous par revenir… *

Sans le lui demander la permission, la collégienne s’empara du sac d’Ayumi. Par reflexe, elle l’aurait tiré vers elle mais il n’en fit rien. Elle n’avait simplement pas envie. Etrangement, Ayu était moins agressive et plus patiente avec cette fille, c’est pourquoi elle ne broncha pas et l’observa silencieusement. Son interlocutrice fouilla avidement dans le sac préféré de la jeune fille, ce dernier était en cuir noir ; très chic. A l’intérieur, il y avait une pochette plastique remplie de feuilles, une trousse rayée multicolore et quelques livres. Ayu emmenait toujours la moitié des affaires nécessaires à ses cours en classe, sinon c’était trop lourd et cela risquerait de déformer un si beau sac. Mais là, peu importait vu qu’elle n’était pas en cours.

Enfouie dans ses pensées, elle ne remarqua pas que la jeune fille en face d’elle venait d’ouvrir son pot de fond de teint. Tiens, elle avait trouvé le maquillage qui était, plus que présent que les affaires scolaires dans la besace noire. D’ailleurs, elle avait plusieurs marques de fond de teint différentes, la collégienne avait sortit le plus gros pot. Mais qu’allait-elle faire avec cela ? Elle n’avait pourtant pas l’air de prendre beaucoup soin d’elle – malgré qu’elle soit jolie. A la grande surprise d’Ayumi, la jeune fille aux cheveux prune étala le fond de teint sur la bosse d’Ayumi ? Celle-ci voulut la repousser violemment. Pour qui se prenait-t-elle ? Mais encore une fois, ses membres de répondirent pas. La bosse était assez douloureuse, Ayumi s’empêcha de grimacer car cela aurait été perçu comme un signe de faiblesse. Excepté que c’était assez douloureux, ses doigts glissaient avec douceur sur la front d’Ayu ; ce n’était pas désagréable. Personne ne lui avait encore jamais fait cela. Tout le monde la haïssait et son père aurait préféré la gifler plutôt que de lui caresser le front.
Lorsqu’elle eut fini, Ayumi sortit son miroir de poche et observa le chef-d’œuvre de son amie pendant que cette dernière rangea le maquillage dans la petite sacoche bleutée réservée à cet effet. Après avoir passé de longue secondes à se contempler dans le miroir, elle s’avoua que c’était tout de même mieux comme cela, mais n’en remercia pas pour autant la jeune fille. D’ailleurs celle-ci brisa le silence qui s’était installé d’une voix basse, comme s’il s’agissait d’un secret :

« Une fayotte et une gamine, hein... Au moins, cela prouve que j’ai réussi mon coup. Si tu connaissais le fond de ma pensée, mes véritables intentions, tu ne me traiterais sûrement pas comme telle... »

Quoi ? Elle se confiait ? Ne savait-elle pas qu’Ayumi était la dernière personne à qui confier en secret ? Quoi que ce n’était peut-être pas comme tel mais tout de même. La lycéenne utilisait ces renseignements pour mépriser les autres, faire du chantage ou encore le répéter à tout le monde. Un sourire avenant aux lèvres, elle lui répondit :

« Une fayotte qui n’en est pas une ? C’est original. »

Elle plongea son regard dans le sien et lui demanda d’une voix interrogatrice :

« Le fond de ta pensée ? Tes véritables intentions ? »

Ayumi voulait en savoir plus. Elle aimait les potins, les secrets, le vécu. C’était plutôt enrichissant de connaître cela, enfin de son point de vue. Ce qui était intéressant pour elle était l’exploitation de ces informations.
Attendons de voir la suite…

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« Une fayotte qui n’en est pas une ? C’est original. »
Motoko sourit légèrement, d’un sourire mesquin, presque imperceptible.
*Tu l’as dit bouffi ! Et même encore plus que tu ne le crois...*
La lycéenne plongea son regard dans le sien et lui demanda d’une voix interrogatrice :
« Le fond de ta pensée ? Tes véritables intentions ? »

Il y avait quelque chose dans les yeux de cette fille qui n’était pas net... Quelque chose de...méchant. Oui, c’était ça. Elle n’avait pas l’air d’avoir de bonnes intentions. Et dire que Motoko avait pensé révéler tout son plan de vengeance à une inconnue doublée d’une véritable peste ! Mais quelle mouche l’avait donc piquée ?

La jeune fille, qui était restée agenouillée, se releva sans beaucoup d’entrain. Une fois debout, elle regarda vaguement un couple qui s’embrassait passionnément, le regard perdu dans le vide, dos à la lycéenne. Elle n’allait tout de même pas se confier à cette fille ! Mais en même temps... Mais en même temps, voilà, Motoko en avait déjà marre de cette routine qui commençait à s’installer, et qui consistait à se lever, manger un petit déjeuner frugal, aller en cours, déjeuner, aller en cours, prendre une douche, faire ses devoirs, dîner et finalement se coucher, le tout seule, évidement. Alors que si elle prenait des risques, si elle faisait un peu confiance aux autres, cela ajouterait un peu de piment dans sa vie... Mais quand même...
Roooh, et puis... ! Motoko choisi d’être neutre.
« Tu le verra bien assez tôt... »

La jeune fille avait tourné la tête vers la lycéenne pour prononcer ces mots et son visage affichait un sourire mystérieux. Cette dernière ne devait pas être satisfaite de la réponse car elle affichait une moue contrariée. Mais Motoko ne l’avait même pas remarqué, retombée dans ses pensées.
Elle ne fut interrompue d’ailleurs que par le gargouillement de son estomac affamé, presque inaudible mais qui lui rappela quand même qu’elle n’avait pas encore pris son petit déjeuner. Elle jeta un coup d’œil à son « amie » aux cheveux roses. Peut être qu’elle ne pouvait pas encore lui révéler ses idées révolutionnaires, mais il n’était pas trop tôt pour faire plus ample connaissance. Et qui sait, peut être allait-elle se faire une alliée...
« Ça te dis de venir petit-déjeuner avec moi ? Il est tard, et je commence à avoir faim... »
Motoko se baissa et tendis la main à la lycéenne afin de l’aider à se relever. Et puis si celle-ci ne voulait pas, cela voudrait dire qu’elles n’avaient rien à faire ensemble et la collégienne lâcherait l’affaire. De toute façon, vu le nombre d’amis ou même de connaissances qu’elle avait, elle se fichait un peu de ce que cette fille pensait d’elle, et le fait qu’elle fasse courir de fausses (ou pas) rumeurs sur elle ne la gênait absolument pas. En gros, elle en avait RIEN A CIRER.
Elle se rappela d’ailleurs qu’elle ne connaissait même pas le nom de son interlocutrice et qu’elle-même, elle ne s’était pas présentée.
« Je m’appelle Motoko Keisang, accessoirement. Chuis en classe D. Et toi ? »

Oui, faire plus ample connaissance....