Quand la haine prends le contrôle de vous.... [Yuk-yuk]

Ne parle pas de ce que tu ne connais pas. Tu ne sais rien de nous et tu penses nous connaître. Et bien, tu as tort.

Une colère irraisonnée grondait toujours au fond de lui. A vrai dire, il ne comprenait pourquoi il ressentait pareille émotion mais il ne pouvait lutter et ne pouvait qu’y succomber. Tout c’était passé en quelques instants mais tandis que les divers éléments à l’origine de ce crescendo vers la rage incontrôlable repassaient dans sa tête, Ishiro pensait que c’était le résultat surtout d’un profond dégoût envers les SA qui, auparavant contenu, refaisait surface. Aussi, cette bouteille, cette baffe, ce cracha, rien de tout cela ne lui semblait en cause ;non, c’était de la pure haine non pas contre Yuka mais contre les SA que le jeune Idogawa voyait au travers d’elle. Mais tout cela n’est que ce que Ishiro s’imaginait car nous savons, vous comme moi, que tout cela n’est que la résultante de l’action d’une tierce personne qui n’est autre que Mitsuko Ogawa.
S’essuyant le visage avec une main, Yuka aurait pus désormais voir des yeux d’un gris acier qui ne pouvait être naturel chez quelqu’un. Et le poing vola mais ne souhaitant donner qu’un avertissement, Ishiro l’envoya contre un mur. Tandis que le coup partait, la main fut recouverte de métal et quand contact il y eu, le poing s’enfonça de un ou deux centimètre dans les briques. Une plaque de vieille peinture de bâtiment tomba a terre et une petite troupe de chauve souris s’envolèrent effrayées.
Le ton qu’il prit pour parlait n’était pas le sien. Il le savait en son fort intérieur mais en même temps, sans pouvoir l’expliquer non plus, chaque fois que son regard croisait celui de Yuka, il mourrait d’envie de lui crier dessus, de la frapper.

Oh je ne dis pas vous connaître non. Bien loin de tout ça d’ailleurs. Ce que je t’impute n’est que l’image que vous vous plaisez à donner aux autres membres de Takuetsu. Vous aimez vous rendre plus important que ce que vous n’êtes et cela à toujours été comme cela. Est ce un critère de sélection ?

Il était vrai que bonne quantité des nombreux SA que Ishiro avait vu défilé dans l’école depuis qu’il était arrivé à Takuetsu avait cette air suffisant qu’on les personnes qui se sentent supérieur en tout. Même si beaucoup les admirés, Ishiro ne les avait jamais apprécié et ceux même lorsqu’il était en primaire. Ceux qui les admiraient le faisait en général car ils croyaient leurs dons puissants et que cela les impressionnait mais Ishiro connaissait le revers de la puissance. Lui même avait un des dons parmi les plus puissants qui existent et il savait quels genres ‘d’accidents’ cela pouvait provoquer autour de lui s’il ne se contrôlait pas. Peut-être était-elle là la différence entre les SA et Ishiro : tandis que les SA étalaient leurs relative puissance à tout va, Ishiro se cachait car il se considérait comme une arme dévastatrice sur laquelle on a aucun contrôle. Mais n’était-ce pas pour cela qu’il étudiait à Takuetsu ?

Le métal qui s’était formé autour du poing de Ishiro repris sa forme originel de bracelet et se remit à tournoyer autour du poignet du jeune à la chevelure de sang. Malgré cette haine qui grondait en lui, il arrivait quand même à reprendre un peu d’emprise sur lui même mais cela serait –il suffisant ? Peut-être pas car cette envie de faire du mal à la jeune fille en face de lui était encore présente.

La réaction à ses paroles ne se fit pas attendre. Et, c’est d’un haussement de sourcil intrigué que Yuka observa un éclat métallique se refléter dans les yeux d’Ishiro. En revanche, ce qui suivit fut plutôt interprété comme un « joli numéro ». Sans plus. Ishiro s’attendait peut-être à ce qu’elle prenne peur, voir, à ce qu’elle prenne ses jambes à son cou en filant ventre à terre dans direction opposée. Il la sous-estimait grandement. Des adversaires, la Kunimoto en avait déjà affronté un certain nombre si on peut dire. Les gros méchants à la force herculéenne ne l’impressionnait plus depuis fort longtemps. Presque vaccinée la Yuk-Yuk. Ce fut donc un sourire ironique qui prit place sur son visage éclairé seulement par les reflets de la Lune.
Pauvres gens qui vont se réveiller demain et s’apercevoir que leur appartement avait subit des dommages au cours de la nuit…vilain lycéen…

« Vous aimez vous rendre plus important que ce que vous n’êtes et cela à toujours été comme cela. Est ce un critère de sélection ? »

Ce furent à peu près les seuls mots qui attirèrent son attention.
Plus important ? Il pensait vraiment qu’elle avait choisi la SA pour se faire voir ? Elle qui était prête à troquer sa pseudo-popularité, et sa pseudo-immunité de Special Ability juste pour qu’on change au moins ses amis de section. Son don étant considéré comme puissant, on ne lui avait cependant pas vraiment laissé le choix. Si elle avait été dans son état normal peut-être, et je dis bien peut-être, aurait-elle relâché la pression et tenter d’expliquer, ou tout du moins le mettre sur la voie car des termes trop explicites lui étaient interdits, à cet homme aux yeux métalliques les réelles motivations de la SA. Cependant, déjà hors d’elle pour une raison qu’elle ne cherchait même plus à s’expliquer, il venait de rajouter une cuillère de crème chantilly à la crêpe au nutella qu’elle s’apprêtait à dévorer. Trois lampadaires éclatèrent violemment à la suite, réduisant considérablement la luminosité déjà très faible de la ruelle. Ces yeux à eux seuls semblaient lancer des éclairs insondables, incontrôlables.

Pourtant, contre toute attente, ne tremblant même pas de rage mais, bien au contraire déterminé comme jamais, c’est avec un regard dure qu’elle jeta un objet fin mais au combien désiré par des centaines de personnes à l’académie, au pied d’Ishiro.

« Puisque c’est ça que tu veux, prends le ! »
Son ton était plus cassant et coupant qu’une lame de rasoir affûtée. Aucune insulte ne venait le ternir, et pourtant, il valait bien plus que toutes mauvaises injures. A traduire par « tu peux en faire ce que tu veux, cela m’ait complètement égal imbécile. »

De la provocation ? Non, cela n’en était pas encore.

« Puisque tu nous détestes tant que ça, vas –y, frappe moi, ne t’en prive pas. Tu en meures d’envie. »

Ceci était de la provocation. Tout en exprimant ces mots d’un air dégoûté au jeune homme, Yuka s’était ravencée vers lui, tendant presque sa joue. Il voulait la frapper ? Qu’il y aille bon sang et arrête de jouer l’intimidation comme un animal défendant son territoire. Cependant, habituellement chez les animaux, le combat se déroulait entre deux hommes et non entre une collégienne et un lycéen.

Peur ? Oh non, elle n’avait pas peur qu’il la frappe puisqu’au moment où sa peau entrerait en contact avec la sienne, la réaction de son propre corps serait instantané et recracherait d’un coup toute l’électricité accumulée jusqu’ici. D’autant plus que le métal faisait un parfait conducteur. Ishiro paratonerre compagnie vous souhaite un bon voyage au pays des Yuka en furie …
Enfin, cela ne l’empêcherait pas d’aller s’éclater contre le mur d’en face tout de même…

Ishiro commençait à reprendre peu à peu l’emprise sur lui même. Si cette idée ne lui avait pas parut complètement farfelue, il aurait pût imaginer qu’une personne avait le Don de l’énervé. Je ne dis pas que telle personne n’existe pas, je dis seulement que Ishiro avait pensait que si telle personne s’était trouvé dans on entourage, elle n’aurait pas attaqué comme ça sans raison évidente, sans même préavis. Mais ce qui était fait était fait et ce qui avait été fait se défaisait. Cependant, les effets traînait un peu en longueur et même si ce n’était pas la rage d’il y a quelques minutes qui animait encore les paroles du jeune Idogawa, on sentait tout de même un légère colère, comme les brises restantes après un grand brasier.
Voulant mener toujours plus loin la provocation, Yuka lança au pied du roux son insigne des SA, cette objet que nombres d’élèves convoitait, cette objet qui révulsait Ishiro. Le tintement d’un objet métallique qui rebondit sur une surface dure vint bientôt emplir intégralement cette ruelle complètement déserte à l’exception des deux élèves.

Puisque c’est ça que tu veux, prends le !
Puisque tu nous détestes tant que ça, vas –y, frappe moi, ne t’en prive pas. Tu en meures d’envie.

Ishiro le regarda quelques secondes puis, se baissa pour le ramasser. Dans sa main, l’objet en question ne pesait pas lourd. Pourquoi ? Pourquoi un si petit objet pouvait-il rendre si fière et si arrogante une personne ? Le jeune Idogawa ne se l’expliquait pas…vraiment pas. Tournant sa main pour que l’insigne soit bien visible de Yuka, Ishiro savait ce qu’il devait faire….à vrai dire depuis longtemps, il savait ce qu’il devait faire pour stopper tout ça. Attention, quand je dis ‘tout ça’ je ne parle pas de cette petite escarmouche ridicule qui avait éclater entre l’élève de SA et Ishiro. Non quand je dis ‘tout ça’ je parle de régler le problème d’orgueil des SA. Les bracelets au poignet du roux se mirent à tourner si vite qu’ils en devinrent flou. Le bruit de goutte tombant sur les pavés de la rue se firent entendre : l’insigne fondait littéralement et le métal liquide commençait à former un petite flaque grise sur le sol.

Ce dont j’ai envie hein ? Tu n’y ai pas du tout. Ce que je veux ce n’est pas te frapper mais frapper la SA. Faire disparaître à jamais cette classe d’arrogants et d’imbéciles. Et surtout, tuer une personne précise….

Les yeux d’Ishiro auparavant gris semblait habité par les flammes reflétant une soif de sang et peu à peu, ils devinrent cuivrés. Personne auparavant n’avait vu cette couleur là ou du moins ceux qui l’avaient vu étaient morts à présent. Si le bleu signifiait l’apaisement et si le gris signifiait quant à lui l’indifférence quant à ses propres sentiments, le rouge ne signifiait lui qu’une seule chose : une démence refoulé depuis longtemps, une soif de sang camouflé depuis ce drame il y a de cela presque 20 ans…
Pas à pas, Ishiro se rapprochait de Yuka.

Te taper ? Non…Te blesser non plus d’ailleurs…en tout cas pas pour l’instant. Mais un jour arrivera où cela se fera…un jour peut être pas si loin que ça d’ailleurs.

Ishiro et Yuka était face à face à peut-être moins d’un empan.

Sans un mot, la jeune fille l’observa s’emparer de l’insigne. Toujours sans qu’un seul son ne franchisse la barrière de ses lèvres retroussées en un fin sourire ironique, ses prunelles dorées, dans lesquelles on pouvait presque entrevoir les crépitements électriques, continuèrent de le fixer lorsque le liquide d’argent qui composait la plaque enviée par (presque) tous les élèves de l’académie goutta dans une pluie chaude et régulière. Ce comportement, vu de l’extérieur aurait pu paraître quelque peu… étrange ? Semblable à une haine refoulée qui éclatait enfin au grand jour au ravissement de celui-ci ? Ou plutôt, une attitude d’enfant à qui on n’avait refusé un bonbon et qui vous le faisait payer à sa manière ?

Cette dernière pensée changea légèrement son expression car un éclat amusé se refléta un instant dans ses yeux pétillants de vie. Alors comme ça, ce garçon à l’apparence d’adulte avait gardé des réactions d’enfants ?

La belle adolescente ne se déplaça pas non plus lorsqu’il s’avança vers elle, n’hésitant pas un instant à vriller son regard dans le sien, et refusant ainsi de montrer une quelconque faiblesse par un baissement de tête anodin. N’importe qui dans cette situation aurait probablement frémit d’effroi, glacé par le danger possible et imminent que représentait quelqu’un capable de provoquer des dégâts difficilement réparable dans un mur. Pourtant, à la place, la Kunimoto se contentait de sonder son regard, cherchant à y trouver une réponse à la haine. Elle ne comprenait pas. Ou, ne voulait pas comprendre.

Ce fut à ce moment là qu’elle prit conscience d’un détail ; quelque chose qui habituellement n’aurait pas retint un seul instant son attention mais que le rouge flamme dans lequel elle s’obligeait à se brûler lui balança presque à la figure. Ce sentiment qu’elle n’avait pas su s’expliquer, cette rage profonde qui l’avait soudaine envahis, semblait peu à peu se dissiper. Comme un magicien ôterait soudainement le voile afin de prouver au spectateur que la réalité et l’illusion peuvent se confondre et qu’il faut voir au-delà de tout cela.

Oh ! Bien entendu, la représentante des SA dans cette ruelle sombre ce soir lui en voulait toujours d’avoir souiller le nom de ses amis, même indirectement. Cependant, pour une raison inexplicable, il ne s’agissait pas de la même fureur contenue mais aveugle qui la poussait à chercher les limites de son adversaire.

Agacement ? Jeux ? Déni ? Amusement ?

Même elle n’arriverait à définir ce qu’elle ressentait exactement à ce moment précis alors qu’elle le fixait.
D’ailleurs, pour la première fois depuis leur rencontre, Yuka prêtait vraiment attention aux traits du jeune homme se trouvant à à peine quelques centimètres de son visage. Jusqu’ici, elle se rendait compte qu’elle l’avait vu, sans vraiment le voir. Indéniablement, il était beau dans le style brun ténébreux inquiétant avec ses mèches rebelles lui retombant sur des yeux oscillant entre le cuivre et le gris métallique intense. Captivant…

Bien plus petite que lui, lorsqu’il arriva à sa hauteur, sa tête atteignait à peine les larges épaules de celui qui avait changé les règles du jeu par ces quelques paroles. Malgré ce détail, Yuka ne se démonta pas. Se hissant légèrement sur la pointe des pieds jusqu’à atteindre le cou dénudé du jeune homme. Une odeur pareil à une brise fraîche de vent d’est salé emplit ses narines. Enivrante ?

Elle souffla doucement avant de saisir le bras auquel elle ne s’était pas appuyer et lui envoya une légère décharge afin de provoquer une paralyse momentané, dans le même élan, elle saisit aussi l’autre et fit de même, pendant que sa bouche, posée si près de l’oreille d’Ishiro qu’elle aurait pu la toucher, laissa échapper des paroles douces, et bien trop calmes pour que l’on ne perçoive pas la touche dangereuse des mots susurrer :

« Et toi ? Tu ne te remets jamais en question ? »

Profitant de sa position et des quelques secondes qui lui restaient avant de finir empailler, au fond du jardin, l’impossible demoiselle déposa ses lèvres sur le bout du nez d’Ishiro. Un baiser d’enfant…juste avant de s’éloigner dans l’ombre de la ruelle en s’y enfonçant un peu plus. Cette rue adjacente à la discothèque, à force de s’en servir comme d’un raccourcis, elle finissait par la connaître et savait donc exactement là où il fallait tourner afin de sortir de la ville et ne pas se faire prendre par la ronde du surveillant après l’heure du couvre feu. Néamoins, avant de tout à fait quitter les lieux, déjà à bonne distance d’Ishiro, éclairé faiblement par un réverbère, elle se retourna une dernière fois :

« Oui, je suis une SA…Mais ne fais pas d’un cas, une généralité. »
Avant de ne complètement se perdre dans l’ombre.