Takuetsu no gakuen
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Takuetsu no gakuen


 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

Une ptite fic juste comme ça...

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Auteur Message
Invité
Invité
Anonymous


Une ptite fic juste comme ça... Vide
MessageSujet: Une ptite fic juste comme ça... Une ptite fic juste comme ça... EmptyMer 25 Fév - 22:32

...Pour me faire pardonner mes RP minables. Je ne cherche pas à imiter Hikari, c'est promis, mais cette fic, Les Liaisons Dangereuses version XXIe siècle, m'est venue lorsque j'ai commencé à lire Douglas Kennedy. Désolée si le début est un peu embrouillé, en tout cas, enjoy !


Vous savez, il y a des jours comme ça où la vie se trompe complètement quand elle croit vous faire plaisir...Moi, par exemple, si elle voulait me faire une mauvaise surprise pour mes 28 ans, elle a bien réussi. Je vous assure, depuis ça, ma vie a viré au cauchemar...
Tout d'abord, la présentation rituelle...Pas moyen d'y couper, hein ? Bon, j'y vais...Je m'appelle Christine Tran. Si vous êtes amoureux de l'Asie ou asiatique vous-même, vous pouvez m'appeler Minh Chau (ça se prononce «Mienn Thyô» et ça signifie «perle précieuse»). Peut-être l'aurez-vous compris, je suis d'origine vietnamienne. D'origine, seulement, car je suis née après 1975. Vous savez pourquoi je dis ça, au moins ? Non ? Guerre du Vietnam, chute de Saigon, ça ne vous parle pas ? Incultes...Euh...non, ce n'est pas ce que je voulais dire, mais...non, attendez, ne vous vexez pas ! Pour ma famille, l'année de leur départ forcé vers les États-Unis, c'est un peu l'an 0. Comprenez, ils ont tout perdu de ce qu'ils avaient là-bas...Enfin, là le sujet, ce n'est pas ma famille, c'est moi. Et bon, je n'ai pas connu de gros déboires comme eux, genre devoir abandonner son pays natal et tout, mais j'ai eu ma part de malheurs moi aussi, sur un autre plan. Un bref exposé de ma situation : j'habite en Californie, à San José, au sud de San Francisco je bosse pour une start-up d'informatique et grâce à mon boulot de maquettiste pour cette même société, je me fais dans les quatre-vingt mille dollars par an. Mais ce n'est pas le plus important. Revenons-en à ce 28 juillet...car oui, mon anniversaire est le 28 juillet. Mais pour une acharnée du boulot comme moi, ça ne change pas grand-chose...Comme chaque matin, je me suis réveillée à 6h du mat', et une demi-heure après, je sautai dans ma voiture, une Mercury Milan flambant neuve, prête à aller travailler.
C'est lorsque j'ai regardé l'horloge de ma voiture que je me suis dit : tiens, aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Puis j'ai allumé la radio, écoutant à fond un des tubes d'Atomega, mon groupe favori. Tandis que le chanteur, sur des rythmes soutenus, chantait en vietnamien, j'oubliai peu à peu mon anniversaire. Je n'étais même pas sûre qu'il y aurait quelqu'un pour me le souhaiter, à part ma mère, qui allait à coup sûr laisser un message sur mon portable aux alentours de midi, faute de pouvoir m'appeler ou venir me voir. Si ma cousine Evelyne y pensait aussi, avec le décalage horaire (elle habite en France), elle appellerait dans la soirée. Peu à peu, les musiques qui se succédaient me lavèrent le cerveau, et je n'avais plus qu'une chose en tête : l'interface du logiciel de bureautique que j'avais oublié de terminer...Je vous l'ai dit ou pas ? Je suis maquettiste, ou ce qui s'en rapproche le plus dans le monde du software. Mon boulot, c'est de rendre les logiciels agréables à la vue et à l'usage. Ma boîte, CompuWorld, est spécialisée dans la création de tout un tas d'éditeurs d'images, traitements de texte, lecteurs multimédia et tout ça, pour le plus grand nombre. Autrement dit, je dois faire en sorte que même un gosse sache utiliser nos logiciels, sans être obligé de garder à proximité un mode d'emploi de cent pages.
Bref, en arrivant, j'ai garé ma voiture à côté des Pontiac et autres Mercedes et BMW des gros bonnets d'Apple : l'unique bâtiment de CompuWorld était à deux pas de One, Infinite Loop, le siège de la firme à la pomme. Dehors, j'ai retrouvé Debbie Suarez. C'est la chef de notre service pub, une femmelette de 40 ans taillée comme une Polly Pocket : 1m45 à tout casser, de longs cheveux noirs et frisés et la consitution d'un boxeur poids mouche. Debbie, c'est une vraie arme de destruction massive lorsqu'il s'agit de convaincre ses homologues du monde de la presse de caser dans leurs revues des pubs pour nos derniers softs. C'est absolument incroyable de la voir en action, parce que son débit de parole digne d'une mitrailleuse Gatling laisse ses interlocuteurs complètement KO et obligés de dire :"Ok, c'est vendu." Mais son talent ne se limitait pas à ça : elle disposait d'un véritable réseau d'amies dans tout le pays, une sorte de CIA féminine, qui la mettait au courant de tout. Donc, lorsque je l'ai vue dehors, en train de fumer une de ces mauvaises cigarettes qu'on achetait par cartons entier pour satisfaire ses envies de nicotine, je n'ai même pas eu le temps de lui dire bonjour : elle m'a devancée et dit d'emblée :
_Coucou la perle ! Comment ça va ? Bien ? Ouais, moi aussi je pète la forme, surtout que j'ai enfin réussi à convaincre Peterson de me laisser une soirée pour le convaincre de nous céder une double-page pour son numéro de septembre... Au fait, joyeux anniversaire ! Si, si, je m'en suis souvenue, je te l'avais dit ! D'ailleurs, tu sais qui y a pensé aussi ? M'sieur Allen en personne, et il a une sacrée surprise pour toi !
Je l'ai coupée dans sa lancée pour lui dire bonjour, et ensuite l'interroger sur cette fameuse surprise. Au passage, sachez que Ned Allen, que Debbie appelle tendrement "M'sieur Allen", est le patron de CompuWorld. Une grosse tête, comme tout le monde ici : même pas trente-cinq ans, et une boîte qui marche. Mais la "surprise" dont parlait Debbie m'inquiétait, et j'espérais de tout coeur que ce n'était qu'un évènement anodin que Debbie avait volontairement exagéré parce qu'on était un 28 juillet.
_La surprise ? T'es sûre que tu veux savoir maintenant, hein ? Il s'pourrait que ça te fasse pas vraiment plaisir...
Ok. C'était donc une très mauvaise surprise.
_Pourquoi ? demandai-je avec une pointe d'inquiétude.
_Bah, disons que tu m'avais confié un jour qu'après que David t'ait lâchée...
David ? Pourquoi évoquait-elle mes déboires avec ce minable scénariste qui se tenait en si haute estime qu'il croyait que tout ce qu'il écrivait était génial ?
_Bon, écoute, Debbie, ne m'en dis pas plus, j'irai voir moi-même. Je ne veux pas que tu m'expliques ce que tu es en train de sous-entendre, je découvrirai toute seule, comme une grande.
_Comme tu voudras. Ils sont tous au 3ème, ne cherche personne ailleurs.
_Et toi, alors ?
_Je s'rais bien restée pour en griller une, mais tu sais bien que depuis que les fascistes de la santé sont au pouvoir, y a plus moyen de rester dans son bureau pour se pourrir les poumons...Tu sais, tabagisme passif et tout ça...N'importe quoi, je te dis ! Si la clope était vraiment un danger public, on l'interdirait, comme l'alcool...
_C'est bon, merci. On se retrouve à midi ?
_Au deli d'en face ! enchaîna Debbie.
_Pas de problème. A plus !
Je ne voulais pas paraître trop anxieuse devant Debbie, mais dès que je suis entrée, j'ai décapité d'un coup de dents l'ongle de mon majeur droit. Ca n'a pas suffi à calmer mon stress, et j'ai du vraiment prendre sur moi pour ne pas réduire à néant mes efforts des dernières semaines pour laisser mes ongles repousser. Oui, j'étais vraiment inquiète. Debbie me l'aurait dit d'emblée si Ned Allen avait décidé de me remplacer par quelqu'un qui tenait les délais imposés, mais il y avait toutes sortes d'autres choses terribles qui pouvaient arriver, et qui pouvaient être aussi désagréables que de perdre son job. J'essayai néanmoins de rester rationnelle. Pourquoi Ned me virerait-il ? J'avais beau prendre parfois du retard, je livrais toujours un travail de qualité...Et puis CompuWorld, ce n'est pas Microsoft ou Apple, étant plus petits, on peut davantage se permettre de prendre notre temps....Alors quoi ? Je composai une mine sereine dans l'ascenseur qui m'emmenait au 3ème étage, là où se situait mon bureau. C'est assez facile pour moi, et c'est d'ailleurs pour ça que tous les Asiatiques ont les yeux bridés : parce que c'est moins facile de lire dedans, on en voit une partie moins importante qu'avec les Européens ou les Africains. J'en profitai pour essayer de sourire. Après tout, c'était mon anniversaire.
Lorsque j'arrivai, tout le monde était, comme l'avait dit Debbie, dans la grande salle où se trouvaient les box de la maquettiste (moi), du responsable de l'Intranet (un grand type nerveux du nom d'Ivan Dolinsky), et des quelques pros de la télévente dont Debbie était le chef suprême. Tout le monde, je dis bien tout le monde, même Ned Allen, était rassemblé autour d'un inconnu. C'était donc lui, la "surprise". Avant de faire mon entrée dans le cercle, je le regardai, de loin. La première chose qui m'a frappée, c'était sa silhouette. On aurait dit une version féminine de Debbie, et je n'exagère pas : il devait faire 1m60 à tout casser, c'est à dire quelques centimètres de plus que moi, et il était maigre comme tout. Alors que je l'observais, je fus piégée par ses yeux. Des yeux incroyables, clairs comme du cristal, les yeux d'un gamin ingénu brutalement jeté dans le monde des grands. Impossible de se détacher de ce regard magnétique, jusqu'à ce que Ned remarque ma présence, s'avance vers moi avec un large sourire et me salue, en ajoutant :
_Vous avez vu la deuxième perle qu'on a trouvé ?
Tout le monde faisait des jeux de mots sur le sens de mon prénom vietnamien (même s'ils m'appelaient tous Christine), et moi, ça m'exaspérait. Mais bon, chaque prénom peut être utilisé dans des jeux de mots idiots, et je devrais m'estimer heureuse que les miens soient jolis. Bref, j'ai fait un petit "oui", en hochant la tête, avant d'attaquer :
_Qui est ce type, d'ailleurs ?
_Un Allemand. Dave l'a débauché d'une boîte de là-bas.
Dave Maduro, à ne pas confondre avec le scénariste (qui lui, s'appelait David Armitage), était notre DRH. C'était lui qui avait recruté Debbie Suarez, juste pour vous dire combien il était doué pour repérer des gens talentueux. Bon, mais pourquoi était-il allé chercher en Allemagne ? Les Etats-Unis ne lui suffisaient pas ou quoi ? Aussitôt, l'Allemand s'est tourné vers moi, avec un grand sourire.
_Bonjour, madame, dit-il.
_Mademoiselle, répliquai-je avec un air hautain. Christine Tran.
_Enchanté, fraulein Tran, répondit-il. Je m'appelle Frédéric Von Glover.
Il avança vers moi une main aux ongles intacts. Soit il faisait partie de ces bouddhas modernes imperméables au stress, soit il avait un autre moyen d'évacuer les tensions. Son absence d'accent m'a frappée, de même que la finesse de ses mains. J'avais de plus en plus envie de le frapper, ce Candide au sourire mielleux, mais nous étions dans un pays civilisé et je risquais gros à démolir la figure d'un nouveau seulement parce que sa tête ne me revenait pas. Donc je lui ai serré la main, luttant pour contenir mon envie de lui écraser les jointures.
_Et que faisiez-vous avant de nous faire l'insigne honneur de venir travailler dans la Silicon Valley ? demandai-je d'un ton détendu, avec juste la petite pointe de sarcasme habituelle, alors que j'étais inquiète à l'idée d'entendre la réponse. J'étais sûre de la connaître déjà.
_Bah, rien de bien méchant, répondit-il sur le même ton. J'ai été aux Beaux-Arts de Munich, et faute de mieux...je m'occupe de toutes sortes de mises en page, icônes, enfin bref...
_Donc, vous êtes maquettiste, dis-je froidement.
Tous les regards étaient braqués sur moi et Frédéric. Pour moi, tout était clair : ce Boche était venu me piquer ma place. Dave se décida à prendre la parole, d'un ton gêné :
_Ecoutez, Christine, vous braquez pas, c'est pas ce que vous croyez...C'est juste que la boîte grandit, et ce gars-là et vous avez un peu la même façon de travailler...Il ne va pas vous remplacer, sincèrement, vous êtes quelqu'un de super, vous êtes une femme, jeune, et puis surtout, vous êtes ce qui se fait de mieux en matière d'endurance...
Il marquait un point, ce baratineur professionnel. Je ne pouvais m'empêcher d'être flattée qu'on admire ma ténacité, qui était une des caractéristiques du peuple d'Au Lâc (l'ancien nom du glorieux royaume dont le Vietnam était le seul résidu), même si j'étais persuadée qu'à la première occasion, ils me remplaceraient par une petite bourge issue d'une famille WASP et Nouvelle-Angleterre, quand les Viets et autres non-Européens seraient déclarés personae non gratas. J'avais connu ça dans mon précédent job, et je peux vous dire que c'est assez courant qu'une fois bien implantée, une société ne garde que les Blancs. Mais juste pour avoir quelqu'un qui essaye de me caresser un peu l'ego dans le sens du poil (c'était si rare ces derniers temps !), je l'ai laissé continuer.
_Vous voyez, j'ai quand même ratissé presque toute la planète pour trouver quelqu'un dont les créations seraient proches des autres....Et je n'exagère pas ! J'étais même prêt à embaucher un Australien...Et vous en ferez ce que vous voudrez, de ce type. C'est un vrai Allemand, discipline à 200% et tout le tralala...On n'a qu'à dire que pour votre anniversaire, je vous aurai offert un esclave personnel ?
_Ok, ok, Dave, ai-je dit entre mes dents. Je bosserai avec lui.
_Parfait. Alors on l'accueille dans les formes, hein ? Puis qu'il sera sous vos ordres, à vous l'honneur.
Je suis revenue vers Frédéric, et en tentant de sourire de façon à ne vraiment pas laisser voir que je ne l'aimais toujours pas, malgré les super arguments de Dave.
_Bienvenue à CompuWorld, Herr Von Glover ! lui ai-je lancé joyeusement en lui serrant à nouveau la main.
Donc, voici comment j'ai scellé l'arrêt de mort de ma vie paisible et sans drames majeurs : main dans la main avec le cadeau empoisonné que le destin m'avait fait à travers Dave Maduro.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


Une ptite fic juste comme ça... Vide
MessageSujet: Re: Une ptite fic juste comme ça... Une ptite fic juste comme ça... EmptyDim 1 Mar - 19:25

...
Je sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que ma fiction est vraiment nulle comparée... Faut que je m'améliore en écriture !
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


Une ptite fic juste comme ça... Vide
MessageSujet: Re: Une ptite fic juste comme ça... Une ptite fic juste comme ça... EmptyJeu 19 Mar - 13:25

La suite...D'accord, ça finit un peu sur un "cliffhanger" (une fin abrupte) mais je ne voulais pas non plus la laisser tomber aux oubliettes ^^

Je vous sens arriver ! Vous allez me dire : «Mais enfin, qu'est-ce qu'il y a de si dramatique ? Ce n'est qu'un homme, et il n'a pas l'air terrible...» Je sais bien, mais Hitler au même âge ne devait pas avoir l'air plus terrible. En plus, c'était un petit, comme Frédéric, et les petits sont capables de tout pour se débarrasser des complexes liés au fait que le sommet de leur crâne arrive au niveau du menton d'un mec moyen. Ok, la comparaison est exagérée. Frédéric n'a pas ruiné des millions de vies, juste la mienne. Et quelques autres, vous verrez de quoi je parle. Mais...ok, d'accord, au début, j'ai cru que je devenais parano, parce que Frédéric était le genre de gars gentil, docile, obéissant et bosseur qui suivait à la lettre mes consignes sans rechigner. Discipline über alles, Dave avait raison !
Nos relations étaient strictement professionnelles : il fallait qu'il comprenne qu'il n'était pour moi qu'un collègue de travail. Non pas qu'il m'ait fait des avances, bien au contraire, mais il avait toujours cette façon de me regarder avec ses grands yeux en verre, ce regard de chien battu qui voulait dire : «Peut-être que tu changeras d'avis.» Alors là, tu rêves, mon gars ! Parce que lorsque David m'a plaquée, j'ai fait le serment que plus jamais un homme ne m'approcherait. Je vous ai dit que j'étais tenace ? Je le suis aussi dans les engagements que je prends. Du moins, j'ai essayé de l'être autant que possible.
Désolée si je fais une ellipse, mais dans mon esprit, il ne s'est rien passé d'exceptionnel entre ce 28 juillet et le 3 mars suivant (rien qui concerne mon histoire avec Frédéric, en tout cas). Frédéric était toujours là, tout le monde admirait le boulot qu'on faisait ensemble (façon de parler ! Il faisait son travail et moi le sien, et nous ne nous mêlions quasiment jamais des affaires de l'autre. Pour vivre heureux, vivons séparés !), je l'aimais toujours aussi peu, mais question pugnacité, il n'était pas mal doté ! Parce que ce 3 mars, il m'a dit (je cite texto) : «Ça fait un bon moment qu'on travaille tous les deux, et...on ne se connaît pas ! Je sais que vous ne portez pas dans votre cœur, mais moi, cela me gêne énormément de ne connaître que votre nom. Vous êtes sûre de vouloir continuer comme ça ?»
_Oui, lui ai-je aussitôt répondu. Je ne veux pas de vous, Frédéric. Tout le boulot que vous abattez, j'aurais pu le faire sans problèmes. Alors soyez gentil et foutez-moi la paix.
Rassurez-vous, Frédéric n'a pas eu le cœur brisé, il n'est pas parti en sanglotant : des râteaux pareils, il en avait au moins un par jour de ma part. Il s'est contenté de me faire le coup du «regard magnétique», lorsque ses yeux fixent une cible sans discontinuer, sans même un battement de cils, pendant plusieurs minutes. Au début, ça me mettait mal à l'aise de me sentir transpercée par son regard clair. Puis je m'y suis habituée, mais Frédéric ne le comprenait pas et il pensait que depuis le premier jour, nous en étions restés sur un statu quo qui lui laissait une petite marge pour me convaincre qu'il n'était pas un mauvais bougre. Sauf que ça ne marchait pas comme ça avec moi. Plus il usait sur moi de ce regard, plus j'avais des envies de meurtre. Enfin, meurtre, pas exactement : je suis trop gentille pour aller jusque-là, pour souhaiter la mort d'un être humain. Mais j'avais envie de le frapper, de l'étaler par terre d'un uppercut au menton, et puis....D'accord, fin du délire. Moi aussi, je suis une petite femme, mais j'ai une excuse : je suis vietnamienne. Ou plutôt, de type vietnamien, car comme je l'ai expliqué précédemment, je ne suis pas née au Vietnam et je n'ai donc pas la nationalité en rapport. Tout ça pour vous dire que même un nain comme Frédéric, je n'arriverai qu'à l'effleurer. Sincèrement désolée pour mes considérations sans intérêt, mais je crois que j'ai le syndrome de Suarez, caractérisé par un excès de paroles inutiles et dans tous les sens, à force de passer mes pauses avec une femme qui en est atteinte à un degré très grave, je veux bien sûr parler de Debbie Suarez, la femme qu'il vous faut si vous voulez assommer quelqu'un sans recourir à la violence. Car oui, Debbie aussi a pris en grippe cet Allemand à l'anglais impeccable. Les semaines qui ont suivi mon premier contact avec Frédéric, nous n'avons parlé que de lui ou presque (presque, car Debbie finit toujours par enchaîner sur autre chose). D'habitude, lorsque deux filles parlent d'un mec, la première est amoureuse du mec en question et la deuxième essaye de la faire revenir à la raison. Mais là, aucune de nous deux ne l'aimait, ce gringalet. Donc on passait notre temps à le trainer dans la boue, à nous demander qui il était vraiment et ce qu'il faisait ici...Parce qu'a en croire Dave, il avait immédiatement accepté de s'expatrier en Californie sitôt mis au courant de la proposition, à savoir que ce ne serait pas mal s'il acceptait d'aller servir de souffre-douleur a une petite Viet. Ce mépris partagé pour Frédéric nous a considérablement rapprochées, Debbie et moi, et quand on sait qu'on est toutes les deux dans le trip "je ne vais pas plus loin que des relations professionnelles avec les collègues de travail", c'est un exploit. Enfin, j'allais oublier ! La conversation que nous avons eue le 3 mars 2008, jour à marquer d'une pierre noire, a duré plus que deux phrases, et je ne vous ai pas tout rapporté. Ce qui s'est passé ce jour-ci, c'est que Frédéric a insisté.
_Pour moi, ce serait vraiment important de pouvoir vous parler en-dehors du travail, m'a-t-il dit. Ça m'aiderait beaucoup, professionnellement parlant.
_Je ne veux pas vous aider, vous êtes au courant ? Je n'ai pas besoin de vous, et s'il ne tenait qu'à moi, je vous laisserais vous enfoncer.
_Êtes-vous vraiment toujours obligée de vous montrer si hautaine, si distante ?
_Ça m'évite de me retrouver dans le lit d'abrutis dans votre genre.
Là, je dois reconnaître que je n'avais pas mâché mes mots. Mais il m'énervait à un tel point...Pour l'éloigner pour de bon, j'ai sorti mon ultime argument :
_Et de toute façon, j'ai déjà un compagnon.
Mensonge éhonté, bien sûr. Et Frédéric ne s'y est pas laissé prendre.
_Allons bon...S'il y avait vraiment quelqu'un dans votre vie, vous ne seriez pas autant sur la défensive avec moi, je me trompe ?
_Oui, vous vous trompez. Maintenant...
_...Laissez-moi tranquille, je connais le refrain. Mais s'il vous plaît...Sachez que je vous attendrai au Saïgon vendredi soir.
Là, j'ai eu l'impression de recevoir un coup dans l'estomac. Le Saïgon, c'est...Aussi bête que cela puisse paraître, le lendemain d'un évènement important, moi et mes parents (puis seulement avec ma mère quand mon père est mort), nous allions déjeuner là-bas. Donc...eh oui, j'ai été surprise, mais aussi touchée. Et c'est sans doute pour ça que j'ai cédé. Pour une fois, je n'en ai pas parlé à Debbie, car qui sait ce qu'elle aurait pu dire ?
C'est donc pour ça que le jour dit, Frédéric Von Glower et moi étions face-à-face à une table dans un coin du Saïgon. Il y avait peu de monde, surtout des habitués, essentiellement vietnamiens. Le père Du, le propriétaire du restaurant, qui me connaît bien parce que je viens souvent au Saïgon, a regardé Frédéric d'un air circonspect lorsque nous sommes entrés, l'air de se demander si ma mère était au courant. Mais il n'a fait aucune réflexion, et nous a laissés nous installer.
_Je vois que vous connaissez les lieux, remarqua Frédéric une fois que nous étions assis, attendant qu'on nous apporte les menus.
_J'y viens souvent. Et si vous tentez quoi que ce soit ici, toute la communauté vietnamienne de Californie sera au courant avant demain.
_Quelle méfiance ! Je ne vous aurais pas invitée dans un lieu public si j'avais eu de mauvaises intentions à votre égard...
_Alors quelles intentions avez-vous à mon égard ? ai-je demandée d'une voix faussement naïve.
_Juste essayer de briser la glace.
_Bon courage ! Je ne ferai rien pour vous aider !
_Je sais, je sais...Enfin, j'ai dans ma manche quelques cartes pour vous faire changer d'avis.
Et nous n'avons rien dit de plus, jusqu'à ce que madame Du arrive. Il faut quand même que je vous dise qu'entre Mme Du et moi, il y a une certaine complicité, et ce depuis le jour où ma mère était allée avec moi au Saïgon, mais avait oublié son portefeuille. Du coup, elle m'a confiée à Mme Du le temps d'aller chercher à la maison de quoi payer, et depuis...C'est dur à expliquer, mais le courant passe incroyablement bien entre nous deux. Malgré nos vingt ans d'écart, on s'entend très bien...Bref, elle m'a adressé un regard indulgent en voyant Frédéric, l'air de dire que même si c'était le pire salaud que la terre ait porté, elle ne me ferait pas le moindre reproche...
Je ne voulais pas qu'elle se fasse des idées, donc je lui ai dit, en vietnamien pour que Frédéric ne comprenne pas, que ce n'était pas mon nouveau petit ami, juste un collègue de travail qui avait insisté pour que nous dinions ensemble ici.
Imaginez ma surprise lorsque Frédéric a ajouté, dans cette même langue, qu'une fois que nous aurions vraiment discuté, je ne le verrais pas d'une même façon ! Oui, il a dit ça en vietnamien, sans le moindre accent, excepté celui du sud-Vietnam ! Et moi, ben...A nouveau, coup de poing dans l'estomac. Je devais vraiment avoir une drôle de tête, parce que Mme Du a souri, et m'a dit doucement :
_Il est vraiment l'homme idéal pour une perle comme toi...Crois-moi, tu trouveras peu de gens ici qui parlent aussi bien le vietnamien.
Et moi, j'aurais voulu lui dire que non, décidément, malgré ça, je n'accepterai jamais que nos vies privées se mêlent, même très peu, mais je ne pouvais pas...Il y eut un moment de silence. J'étais étonnée par Frédéric, mais en même temps, furieuse. Comment Mme Du en était-elle venue à croire que nous étions ensemble ? Et d'abord, pourquoi un Allemand parlerait-il vietnamien ? Je ne retrouvai ma capacité à parler que lorsque Mme Du nous demanda ce que nous prenions, et nous avons tous les deux pris le même plat : des travers de porc laqués avec du mi xao, des nouilles sautées si vous préférées. Encore une coïncidence, mais décidément, des coïncidences, il y en avait déjà eu un certain nombre...
Revenir en haut Aller en bas
Yuka Kunimoto
Classe E/ SA ★
Classe E/ SA ★
Yuka Kunimoto

Féminin
Nombre de messages : 2130
Age : 31
Localisation : à tes pieds, mais ne rêve pas j'ai simplement trébuché...
Date d'inscription : 16/12/2008

Feuille de personnage
Don: manipulation de l'électricité.
Chambre: 32 (F)
Côté coeur <3: en cours d'opération. A manipuler avec précautions...

Une ptite fic juste comme ça... Vide
MessageSujet: Re: Une ptite fic juste comme ça... Une ptite fic juste comme ça... EmptyJeu 19 Mar - 19:52

* tombe dessus pour la première fois *

ÔÔ

Wahou! C'est super bien écrit! J'aime beaucoup le style et l'histoire m'interresse...

La suiteuh please! >//<
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


Une ptite fic juste comme ça... Vide
MessageSujet: Re: Une ptite fic juste comme ça... Une ptite fic juste comme ça... EmptyJeu 19 Mar - 20:30

Youpi ! Happy ! Danse de joie !!!
Super !
Bon, ok, stop le flood inutile.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé




Une ptite fic juste comme ça... Vide
MessageSujet: Re: Une ptite fic juste comme ça... Une ptite fic juste comme ça... Empty

Revenir en haut Aller en bas

Une ptite fic juste comme ça...

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum: Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Takuetsu no gakuen :: x [F]LOOD x :: — Créations ○○ :: x Vos fanfics -