Une rencontre musicale ...

Arthémÿs se baladait sans but précis à travers les couloirs de l’académie. Les cours étaient finis pour la journée et le soleil commençait à disparaître, laissant sur les murs une couleur rouge. Ce lieu était tellement …étonnant. Il y avait encore plein d’endroit qu’elle n’avait pas visité et elle était curieuse de les découvrir. Alors qu’elle se faisait cette réflexion, elle arriva dans le parc. Elle se promena le long des allées jusqu’à découvrir un petit banc isolé derrière un bosquet. Elle avait emporté avec elle son violon de bois sombre. Cette endroit allait être parfais pour jouer. La jeune fille déposa l’étui avec délicatesse sur le ban et l’ouvrit. Ca devait bien faire deux semaines qu’elle n’avait pas joué, trop occupé à dessiner sa nouvelle école ou à suivre les cours. Le son doux et vibrant de son instrument lui manquait. Elle défit les lanières qui retenaient le violon, puis tendit son archer ; sortant un métronome de son sac, elle entrepris de l’accorder. Posant l’instrument sur son épaule et calant son menton, elle fit glisser l’archer sur l’une des cordes. Un son grave s’éleva alors dans l’air frais du soir. Elle tourna les boutons au bout du violon tout en vérifiant le son à chaque coup jusqu'à ce qu’elle soit satisfaite. Une fois qu’elle eu obtenu des son parfaits, elle arrêta l’accordeur. Elle se mit alors debout et commença à jouer. Les notes s’élevaient dans l’immensité et le silence du soir. La jeune fille ferma les yeux. Elle ne pensait plus à rien. Elle se sentait libre. Ses doigts pressaient automatiquement les cordes selon une chorégraphie connue par cœur. Ce morceau, son préféré, elle l’avait appris à Paris, lorsque sa mère était encore en vie. Elle l’avait joué maintes et maintes fois pour sa mère qui, comme elle, s’oubliait dans cette mélodie douce. Elle l’avait aussi joué devant son père mais ce n’était pas pareil.
Les notes continuaient de s’enchaîner jusqu'à ce que la dernière retentisse. Elle resta dans l’air quelques seconde puis disparut. Arthémÿs rouvrit alors les yeux et enleva son violon des son épaule. Qu’allait-elle jouer à présent. Elle chercha dans sa mémoire un morceau.
Ca y est j’en ai un !

Selvi traversa le parc d'un pas déterminé. Elle bouillonnait de colère et la seule chose qu'elle recherchait était le calme. De loin, elle aperçut un arbre dont l'une des branches était facilement accessible. La jeune fille parcourut la distance qui les séparait en quelques grandes enjambés. Arrivée face à l'arbre, elle grimpa habilement sur une branche assez solide pour supporter son poids. Selvi remarqua avec plaisir qu'elle était quasiment invisible aux yeux des autres. C'était le perchoir idéal!

Profitant de son abri, elle se laissa aller à la réflexion. L'adolescente repensa à son horrible journée. Tout était allé de travers à commencer par son réveil. Elle n'avait rien trouvé de mieux que de tomber du lit. Puis s'était son déjeuner qui lui était tombé sur le jeans. La jeune fille secoua la tête pour chasser le reste de ses mésaventures.

Selvi ouvrit les yeux quand elle entendit des pas. De sa cachette, elle put apercevoir une étudiante s'arrêter à côté d'un banc non loin d'elle. La jeune fille portait quelque chose qu'elle déposa sur le banc, puis en sortit un instrument de musique. Le soin avec lequel elle manipulait son violon fit sourire Selvi. L'élève sortit ensuite son archet et un autre objet que l'adolescente n'avait encore jamais eu l'occasion de voir. L'inconnue se mit à jouer, mais la mélodie était horrible. Selvi se boucha les oreilles et se promit intérieurement d'intervenir si cela continuait trop longtemps. C'était sa veine, vraiment une journée horrible.

La cacophonie s'arrêta très vite pour laisser placer à une douce mélodie. L'adolescente fut étonnée du changement, mais ne s'en plaint pas. Elle s'appuya contre l'arbre et ferma les yeux pour écouter. Quoi qu'elle ait pu dire, la musique était belle et agréable.

Lorsque l'inconnue termina son morceau, le silence s'installa pour quelques secondes. L'étudiante enchaîna avec un autre morceau, plus gai et entraînant. Selvi sourit et ouvrit les yeux. Pour son plus grand malheur, elle aperçut, à quelques centimètres de son visage, à la hauteur de ses yeux, une magnifique arachnide pendue à son fil. Tout se passa très vite. Elle poussa un cri de stupeur et perdit l'équilibre. La chute fut rapide et l'adolescente atterrit sur le sol avec un bruit sourd. La première constatation fut qu'elle n'avait rien de cassé, première bonne nouvelle de la journée pourrait-on dire. La deuxième constatation fut que l'inconnue avait arrêté de jouer. La malchance continuait.

Arthémÿs entama son second morceau. L’air était plus gai et plus rythmé. Ses doigts dansaient sur les cordes. Elle se sentait vraiment bien.
Soudain, à travers la mélodie, elle entendit un cri aigu venant d’au-dessus d’elle. Elle n’eut pas le temps de se demander ce que c’était qu’une jeune fille tomba de l’arbre qui était à sa gauche.
La jeune musicienne sursauta. Son cœur battait à toute vitesse. Elle posa son violon dans son étuis et accourut vers la jeune demoiselle.

« Ça va ? Tu ne t’ais pas fait mal ? »

Bien sur que si idiote !! Elle vient de tomber d’un arbre. Qu’est ce que tu es stupide quand tu t’y mets !

Sa voix était montée dans les aigus mais Arthémÿs n’y prêta pas trop d’attention. Pour l’instant, elle avait surtout peur que la jeune fille se soit fait du mal. Elle s’approcha encore un peu, tendant les mains pour l’aider à se relever tout en attendant la réponse.

« Attend ne bouge pas ! Tu t’es peut être blessé. Ca va ? »

Arthémÿs se répétait mais cela lui arrivait souvent lorsqu’elle paniquait.
L’arbre est vachement haut ! Je t’en supplie ne tombe pas dans les pommes ! Tout ce que tu veux mais pas de malaise !

« Tu a mal quelque part ? A la tête ? Au dos ? Aux jambes ? Tu as fait une sacré chute alors … »

Mais arrête de parler ! Laisse lui le temps de voir et de te répondre !

La jeune fille arrêta donc de parler et attendit le diagnostique de l’autre demoiselle.

Selvi n'avait pas pu bouger que l'inconnue avait déjà parcouru la distance qui les séparait.

« Ça va ? Tu ne t’aie pas fait mal ? »

La voix de l'étudiante était plutôt aiguë. Était-ce l'émotion ou sa voix habituelle, Selvi espérait pour elle que la première solution était la bonne. La jeune fille leva les yeux pour voir un peu mieux qui était vraiment cette musicienne. Elle voulut répondre, mais cette dernière reprit.

« Attend ne bouge pas ! Tu t’es peut-être blessé. Ça va ? »

L'adolescente remarqua que l'inconnue lui avait tendu les bras pour l'aider à se relever. Voilà qu'elle changeait d'avis. Pourtant, Selvi ne s'était pas fait mal. Enfin pas vraiment... il n'y avait rien de grave. Elle fixa d'un air étrange la musicienne qui semblait paniquer. Mais, à nouveau, lorsqu'elle voulut lui répondre, elle reprit.

« Tu as mal quelque part ? A la tête ? Au dos ? Aux jambes ? Tu as fait une sacré chute alors … »

Selvi laissa s'écouler quelques secondes. Allait-elle encore parler ou la laisserait-elle enfin répondre à ses questions? L'adolescente soupira lorsqu'elle comprit qu'enfin la jeune fille attendait. Sans se faire aider, elle se releva avec un peu de peine, elle devait bien se l'avouer. Une fois debout, elle posa sa main sur son coude gauche, celui sur lequel elle était tombée. Cela lui fit mal, un bleu en perspective...

Après avoir laissé le silence régner encore un moment entre elles, l'adolescente daigna enfin répondre à l'inconnue.

"Non, rien de cassé."

Sa voix était désintéressée, comme si ça n'avait pas été quelques choses d'exceptionnel, comme si cela ne valait pas la peine qu'on s'y intéresse.

Selvi voulut faire un pas. Elle se rendit alors compte que son coude ne serait pas le seul à avoir gagné un bleu, mais que sa hanche aurait aussi ce plaisir. La jeune fille ne put retenir une grimace. Elle espérait cependant que l'inconnue n'aurait rien remarqué.

Arthémÿs regardait la jeune fille. Celle-ci avait des yeux verts extraordinaires. La violoniste n’en avait jamais vu de tels et son œil expert de peintre commença à analyser les différentes teintes des iris. Mais elle fut coupée dans son étude par la jeune fille qui se releva doucement, comme si elle n’était pas sure …Arthémÿs pensa qu’elle devait être entrain de vérifier que tout allait bien. La jeune fille passa une main sur son coude. Apparemment, vu l’expression de la demoiselle, elle se dit qu’un beau bleu allait colorer son articulation pendant quelques semaines. L’autre lui répondit alors :

"Non, rien de cassé."

La jeune fille se sentit soulagé. Elle ne se sentait pas d’humeur à s’occuper d’un blessé. Elle était venue ici pour se détendre te non pour augmenter son stress. Elle avait déjà Khimétia, sa sœur, à s’occuper. C’était elle la cause de la tension permanente de la jeune fille. Elle s’inquiétait trop pour elle. Khim devait avoir raison. Mais c’était l’un des défauts d’Arthémÿs. Elle avait tendance à toujours se soucier des autres… parfois un peu trop. La preuve avec cette jeune fille tombée de l’arbre.
Autre détail, ses blessures infligées par Khim lors de leur dernière dispute la faisait encore souffrir et elle n’aurait pas été à même de porter réellement secours à la jeune fille aux yeux verts. Ce n’était cependant pas un raison pour se montrer impolie et associable :

« Tant mieux alors ! Au fait, je me présente : Je m’appelle Arthémÿs. Je suis en classe D. Et toi ? »

Arthémÿs lui sourit en attendant sa réponse.

Un silence suivit la réponse de Selvi. La musicienne était sans doute perdue dans ses pensées. L'adolescente en profita pour observer l'étudiante qui lui faisait face.

La jeune fille était plutôt mince et plus grande qu'elle, une dizaine de centimètre. Selvi ne parvenait pas à lui donner un âge. Le visage de la musicienne paraissait jeune, comme quelqu'un de son âge, mais la couleur de ses cheveux étaient plus qu'inhabituel. Ils étaient lisses, soyeux et blancs.

Selvi fut tirée de ses pensées par une question de la jeune fille qui se révélait être dans sa classe.

« Tant mieux alors ! Au fait, je me présente : Je m’appelle Arthémÿs. Je suis en classe D. Et toi ? »

Selvi sourit; Arthémÿs, quel nom étrange. L'adolescente ne répondit pas tout de suite à la question de la musicienne. Elle commença par aller calmement s'asseoir sur le banc, à côté de l'instrument.

Selvi Okada

Sa réponse, dites sur un ton neutre, était brève mais clair. Il y eut un nouveau temps de pause, puis étonnamment, elle reprit.

Tu joues encore?

Arthémÿs regarda la jeune fille lui sourire puis aller s’asseoir sur le banc à coté de son instrument.

Quelle fille étrange… J’espère que je ne l’ai pas trop importunée avec mes questions …
Finalement, son interlocutrice se décida à lui répondre.

« Selvi Okada »

Selvi ? Je n’ai jamais entendu ce nom mais il me plait ! Il est à la fois cours et mélodieux. Je le retiens !

Selvi pris alors de nouveau la parole, au grand étonnement d’Arthémÿs.

« Tu joues encore ? »

Un sourire illumina le visage pale de la jeune fille. Cela lui faisait toujours plaisir lorsque l’on aimait sa musique. Elle pris alors l’instrument de bois dans ses mains fines et blanches.

Que vais-je bien pouvoir jouer ?

Elle opta cette fois–ci par un air de country entraînant et rythmé. Elle ferma les yeux et se donna à fond. Maintenant qu’elle avait un public, aucune fausse note ne serait tolérée.
A la fin du morceau, elle se tourna vers Selvi.

«J’adore ce morceau. C’est ma mère qui me l’a appris. Avant que …enfin …avant qu’elle arrête de jouer. On formait un super duo : elle au piano et moi au violon. »

La jeune fille fit une pause, le temps de revoir ses souvenirs heureux. Elle repris ensuite :

« Tu joues d’un instrument toi ? »

Un air entraînant s'éleva dans l'air. Selvi observa la main d'Arthémÿs qui faisait glisser l'archet sur les cordes de l'instrument. L'adolescente ferma les yeux et laissa la musique guider ses pensées. Bientôt, la mélodie ralentit et se termina. La jeune fille ouvrit les yeux lorsque la musicienne se mit à parler.

«J’adore ce morceau. C’est ma mère qui me l’a appris. Avant que …enfin …avant qu’elle arrête de jouer. On formait un super duo : elle au piano et moi au violon. »

Selvi s'attendait à ce que l'étudiante reprenne, mais le silence s'installa. Puis, après quelques secondes de calme absolu, Arthémÿs reprit.

« Tu joues d’un instrument toi ? »

L'adolescente fut surprise par la question. Elle ne répondit rien, laissant à nouveau le silence prendre ses marques. La réponse était pourtant simple: non. Ses parents ne le lui avaient jamais proposé et elle n'avait jamais eu l'envie d'en jouer. À vrai dire, elle n'y connaissait pas grand chose. Dans son ancienne école, il n'y avait aucun court sur la musique et les instruments et elle n'avait jamais cherché à en savoir plus.

Se décidant enfin à répondre, elle s'exprima d'un ton neutre.

Non

(c'est court, mais je ne savais pas quoi répondre)