Promenade d'un soir [pv Misao Nakamura]

Selvi avait passé la journée à errer dans l'école. Comme à son habitude, elle s'était levée vers le milieu de la journée et avait pris le temps de se préparer, sans stresse. L'adolescente mangea très peu au vu l'heure avancée, puis était parti à la découverte du complexe scolaire.

Cela faisait maintenant quelques jours qu'elle était arrivée en ce nouveau lieu. Juin avait cédé sa place à juillet et le temps paraissait long. La jeune fille repensait souvent à sa vie d'avant son arrivée à Takuetsu no Gakuen. Elle s'imaginait chez elle, se demandait ce qu'elle serait en train de faire. Parfois, elle repensait à ses parents. Les adieux n'avaient pas été des plus chaleureux, mais elle ne leur en voulait pas. Elle n'avait pas fait énormément d'effort pour qu'il continue à l'apprécier comme leur fille. Elle s'était éloignée. Elle comprenait.

Selvi commençait à se familiariser avec les nombreux couloirs, étages et bâtiments qui constituaient l'établissement scolaire. Elle souriait avec amertume en pensant à son ancienne école qui faisait à peine la taille du bâtiment consacré aux dortoirs. Il n'y avait pourtant pas plus d'élèves à Takuetsu no Gakuen, sans doute était-ce en prévision de prochaines inscriptions.

Ce jour-là, les pas de l'adolescente l'avaient guidée jusqu'au toit du bâtiment des collégiens. Selvi s'était assise non loin du bord et avait observé. Les élèves paraissaient petits vu de là-haut. De son perchoir, elle avait pu voir la mer au loin, les murs, la forêt, le parc et tout le reste. Selvi ne s'était pas lassée de ce paysage. Le soleil avait peu à peu céder sa place à la lune et les lampadaires n'avaient pas tardé à s'allumer. Les chambres des élèves, elles aussi, commencèrent bientôt à s'éclairer. Le coucher de soleil avait été magnifique. La collégienne se demanda d'ailleurs pourquoi elle n'avait pas découvert cet endroit plus tôt et par conséquent n'avait pas pu contempler ce spectacle époustouflant.

La jeune fille sourit. L'ambiance nocturne était tout aussi agréable que celle du jour. Lorsque l'astre jaune illuminait le ciel, l'atmosphère était plus agitée. Des étudiants se reposaient dans le parc, rigolaient, discutaient, se chamaillaient, pendant que d'autres se dépensaient dans le gymnase. Alors que la nuit, tout était calme. Plus un éclat de rire, plus une dispute ne parvenaient aux oreilles de l'adolescente. Elle aimait cette paix. Les seuls sons qu'elle entendait étaient les bruits de la nuit; un hululement de chouette, le vent berçant les branches des arbres et, paraissant si loin, ne lui parvenant que comme un chuchotement inaudible, les conversations des rares élèves qui marchaient encore sur la pelouse du parc ou sortaient d'un bâtiment.

Le froid commença à mordre la peau nue de l'adolescente. Vêtue d'une simple chemise à manche courte à carreaux bleus sur fond blanc, d'un short noir et d'une paire de basket de la même couleur, elle n'était pas préparée à la fraîcheur de la nuit. Elle ramena ses genoux contre sa poitrine, les entoura de ses bras, puis y posa son menton. Après avoir laissé un soupir s'échapper de ses lèvres, elle leva les yeux et se mit à contempler les étoiles.

Je me demandais encore pourquoi j'étais sortie alors que j'arrivais au batiment du collège. Non, mais après tout, c'était vrai. J'aurais mieux fait de rester couchée, ma matinée ne m'apporté que des embrouilles, une vraie abomination. Et l'après-midi ne le serait pas moin si Zuka, cette chère secrétaire, me trouvait à gambader ici plutôt qu'à m'entrainer au gymnase. Je pensais sérieusement à aller m'enterrer quelque part dans un trou en Alaska pour échapper à la persécution. Encore aurait-il fallu, pour ça, que je puisse sortir d'ici ... Pas gagné, vous en conviendrez.

D'ailleurs, l'après-midi ce jour là se révéla tout aussi désespérante que la matinée puisque, en très grande douée que je suis, j'étais effectivement tombée nez-à-nez avec la secrétaire qui m'avait envoyée presqu'à coup de pieds au derrière au gymnase, en me rpêtant inlassablement : "C'est pour votre avenir, jeune fille". Oui, ben mon avenir, je commençais sérieusement à ne plus trop en vouloir.

Ce fut avec des courbatures partout que je sortais de la salle à une heure plus qu'avancée de la journée. Le temps de prendre un bon dîner et d'aller me perdre quelque part ... Je me retrouvais en haut des escaliers menant au toit, les jambes en feu de tant d'exercice, et m'écroulait par terre.

- Aaaaaaaaaaaah

je suis morte. Adieu Misao, ravie de t'avoir connue. Puisse-tu reposer en paix.

J'appercevais alors seulement à ce moment là une silhouette un peu plus loin dont je ne percevais pas les traits exacts, mais qui semblait être une fille. Oops, je l'avais peut-être dérangée. Boulette ...

Dans un ultime effort surhumain, je me relevais pour aller m'asseoir à côté d'elle, en silence. Après tout, j'avais fait assez de dégats pour la journée ...

Selvi s'amusait à chercher les constellations qu'elle connaissait. Scrutant le ciel, elle aperçut Cassiopée et Céphée et un peu plus loin, la petite ours et la grande ours. Elle cherchait le cygne lorsqu'elle entendit des pas dans l'escalier, puis une voix briser le silence de la nuit

Aaaaaaaaaaaah je suis morte. Adieu Misao, ravie de t'avoir connue. Puisse-tu reposer en paix..

L'adolescente ne bougea pas, offrant son profil à la nouvelle venue. Cette élève était quelqu'un d'étrange. Selvi n'avait pas besoin de la regarder pour le savoir. Monter les escaliers jusqu'au toit n'était pas une performance extraordinaire, or l'inconnue semblait, au son de sa voix, complètement exténuée. Et puis qui était cette Misao? Une amie? Elle-même? La jeune fille sourit en coin.

À nouveau, Selvi ne bougea pas lorsque l''inconnue vint s'asseoir à côté d'elle. Elle se remit à observer le ciel, appréciant le calme revenu. Le silence qui s'installait n'avait rien de gênant pour l'adolescente. Cependant, la jeune fille l'intriguait. Elle tourna la tête et observa l'inconnue. Étant assise, il était difficile d'estimer sa taille, mais Selvi décida qu'elle devait être légèrement plus grande qu'elle. L'adolescente n'arrivait pas à voir les traits de son visage dans la nuit. Son âge lui était donc inconnu.

La jeune fille réfléchit. Souhaitait-elle parler ce soir-là? L'atmosphère était propice et son humeur calme, de bon augure. Selvi poussa un profond soupir. Savoir ce qu'on se veut, ce n'est pas toujours facile.

Le froid s’engouffrait doucement, se mêlant à l’ambiance calme de la soirée. Les nuages n’étaient pas au rendez-vous ce soir, mais le chat du surveillant, si. Il gambadait joyeusement dans les couloirs, chassant petites bêtes et grands élèves pour son bon maître. Soudain, le félin se stoppa, les oreilles en arrière, à l’affût. Quelqu’un se trouvait derrière ce couloir-ci. Ce quelqu’un parlait. Mais, ce quelqu’un n’aurait-il pas du être couché ? Ou, tout du moins pour une primaire, dans sa chambre ?

En quelques foulées, l’animal avait rejoint l’endroit et sauter aux pieds d’…aux pattes d’une souris ?
Une souris qui lui échappa d’ailleurs…Mais, que fabriquait donc une souris sur son territoire ? C’était de la provocation ! Une pure folie, pour un si beau, si hardi si…magnifique chat que lui qui avait été plus d’une fois disputé par son maître pour une histoire de ce type-ci. La vieille là haut avec ses feuilles qui tombaient comme une pluie qui ne mouillait jamais le lui avait bien fait comprendre aussi par son regard à vous glacer le dos...

Voilà donc notre ombre noire courant après une souris blanche dans le dédalle du collège, grimpant les marches et arrivant par la porte entrouverte sur le toit. La vile provocatrice était là, l’attendant presque comme si elle était essoufflée…non ! Faux !Elle le narguait ! Et repartait même aussi sec pour alller s’engouffrer sous les vêtements d’une des filles.
Vite, prendre son élan, popotin de matou en arrière, se concentrer et…sauter !
Miaaaaa, mais c’est que ça bouge ! Un coup de griffe par ci, un coup de patte par là, pourvu que la souris ne tombe pas du toit, ils étaient si près du bord…

Et la fille dans tout ça ?

[HJ: je tiens à préciser que l'animateur n'a rien fumé/bu d'illicite...l'animateur a simplement regardé star wars un peu tard avant d'écrire.... =D]

Rien. Pas un mouvement. J'avaoue que je m'attendais pas à ce qu'elle me tombe dans les bras, mais une lycéenne qui débarquait au collège en plein milieu de la nuit, normalement soit vous vous inquiétiez parce qu'elle pourrait vous balancer, soit vous lui proposiez de faire quelque chose ... Mais on ne reste pas planté à regarder les étoiles. Enfin, je pense ... A moins que ce ne soit encore des pratiques étranges inventées par mon cerveau et que les gens normaux regardent le ciel lorsqu'un inconnu s'asseoit à côté d'eux. Allez savoir ...

Quitte à ne rien faire, autant que ce soit profitable. Je commençais donc à roupiller tranquillement, me disant que quand j'aurais trop froid je rentrerais. Sauf qu'on ne m'en laissa pas le temps. Une espèce de boule blanche fila devant mon nez tandis qu'une grosse boule noire me sautait dessus. Non mais oh ! Je sers pas de punching ball pour ... Chat ?

Alors la boule blanche serait une souris et l'autre espèce de machin était un chat. Nous voilà bien ... Heureusement, il me semble que j'avais à ce moment dans mon sac un atout ... Restait à savoir si je me montrais cruelle ou pas ... Bon, dans le doute, restons gentille.

J'attrappais la souris au passage alors qu'elle me chatouillais le ventre et de mon autre main quiç étais restée libre, j'essayais de calmer le chat.? Plus facile à dire qu'à faire, il gigotait beaucoup, et je n'avais pas vraiment envie de l'écraser ...

- Mais vous avez bientôt fini oui, tous les deux ?

Ce disant, je tentais de pétrifier le chat avec le don prit par erreur à un pauvre collégien que j'avais bousculé en passant. Le pauvre devait e demander où était passé sopn pouvoir, vu que je n'avais pas vu sa tête et ne pouvait donc pas lui rendre de mon plein gré ... Bah, dans 1 ou 2 jours, tout redeviendrai normal. Il pouvait bien attendre un peu.

Sauf que ce que je n'avais pas prévu, c'était le contre-coup. Oui, je savais d'instinct le pouvoir que je prenais et ses limites : ce que je pouvais utiliser, ce que je ne pouvais pas ... Mais je ne connaissais rien des contre-coups de l'utilisation. Et celui-là, c'était que tant qu'il était actif, le possesseur restait lui aussi pétrifié. Hum, pas pratique ...

Surtout que ... Woah ! Ca glisse ! On stoppe tout ! On arrête le Don, on lâche la souris !

Et on se rattrappe comme on peut à ce qu'on peut ... Une espèce nde branche pas très solide sous le pied, un morceau de toit dans la main ...

- Hum, excuse-moi, je ne connais pas ton nom ... tu pourrais m'aider un peu s'il te plait, je suis comme qui dirait coincée ...

En espérant que la souris ne décide pas que j'étais une cachette très confortable et que le chat ne se mette pas l'idée de la suivre ... Allez, avoir un peu de chance une fois dans ma vie, c'est possible ...
... non ?

Le calme s'était installé durablement pensait Selvi. Mais se fut une erreur de sa part, car avant même que cette pensée se soit échappée, sa voisine commença à gigoter. L'adolescente tourna la tête et contempla avec étonnement le spectacle qui s'offrait à elle. Une souris, un chat, mais d'où sortait-il? Soudain, la scène se figea au sens propre du terme. L'inconnue se mit à tomber comme au ralenti, puis tout à coup, la vie revint. La souris disparut, le chat avec elle, et la jeune fille se bloqua dans une position étonnante.

- Hum, excuse-moi, je ne connais pas ton nom ... tu pourrais m'aider un peu s'il te plait, je suis comme qui dirait coincée ...

Selvi afficha un sourire discret que l'inconnue ne pouvait apercevoir. La scène l'avait amusée. Après quelques secondes d'inaction, elle tendit la main, attrapa l'épaule de la fille et, prenant appuie sur ses pieds, tira d'un coup sec. L'inconnue, sûrement surprise par le mouvement brusque tomba en arrière. Au moins, elle était saine et sauve sur le toit, assez loin du bord pour ne courir aucun danger.

Toujours assise, l'adolescente leva à nouveau les yeux vers les étoiles.

Je ne sais pas ce que tu as fait, mais fais attention la prochaine fois.

Le chat avait disparu. Sûrement avait-il suivi une fausse piste, car la souris apparut au pied de Selvi. Cette dernière baissa les yeux vers l'animal et le pris dans ses mains. Du bout de l'index, elle commença à lui grattouiller le sommet de la tête.

Toi aussi la prochaine fois, fais plus attention.

Cela n'avait été qu'un murmure et Selvi ne savait pas si l'inconnue avait entendu ses propos ou non, mais perdue dans son monde, cela ne lui traversa même pas l'esprit.

- Aïe.
- T'as mal ?
- Non, pas du tout, qu'est-ce qui te fait croire ça ?

- ♫ Quelle belle, bella notte ... ♫

- C'est dans un film Disney que j'ai vu petite. "La Bourgeoise et le Clochard", ou un truc du genre. Ca fait longtemps, je ne me souviens plus trop. Tu connais ?

Belle

Après quelques instants de silence, Selvi fut sortie de sa rêverie par une douce mélodie. La souris, à cause de ce son brisant le calme de la nuit, prit peur et s'enfuit. L'adolescente tourna la tête vers l'étudiante qui se tut soudain. Puis, après un nouveau silence, parla.

- C'est dans un film Disney que j'ai vu petite. "La Bourgeoise et le Clochard", ou un truc du genre. Ca fait longtemps, je ne me souviens plus trop. Tu connais ?

À nouveau, il y eut un long silence. Pesant cette fois-ci, comme si un malaise s'installait. Selvi tourna la tête et regarda devant elle. Au loin, au fond de sa mémoire, elle entendit un rire. Elle avait vu ce dessin animé avec sa mère. Oh, il y a de cela fort longtemps. À cette époque là, elle n'avait pas encore découvert son pouvoir, non, elle était trop jeune. À cette époque là, tout était si facile.

La jeune fille secoua la tête. Pendant des années, elle s'était détachée de sa famille, consciente que si on apprenait sa « particularité », elle serait considérée comme un monstre. Pendant des années, elle avait coupé les liens. Et voilà, il fallait quelques jours à peine, loin de ses parents pour qu'ils commencent à lui manquer. C'était pathétique.

Selvi secoua la tête pour chasser de son esprit l'image de sa famille. Elle lâcha un soupir, puis se décida enfin à répondre.

Non, je ne connais pas.

Son ton était dur, elle n'avait pas réussi à cacher ses sentiments. Elle espérait cependant que l'étudiante ne continuerait pas dans cette direction.

Un signe, un geste, et je suivrai le message ...

- Dis-moi ... T'es toujours aussi active ? Parce que là, ça fait peur quand même, faudrait penser à prendre du tranxène ...

(Désolée pour la taille, mais je sèche légèrement ... ^^'''')

(pas de soucis, c'est pas facile... :S)

Selvi venait d'apercevoir une étoile filante. Elle n'avait jamais eu l'occasion d'étudier l'astronomie, elle ne connaissait donc rien du ciel. Ces connaissances sur les constellations avaient été acquises par des lectures personnelles. Le phénomène qui venait de se produire devant ses yeux lui était alors totalement inconnu. L'adolescente avait déjà vu de tels traits de lumières parcourir le ciel à une vitesse folle. C'est sa mère qui lui avait appris leur nom: les étoiles filantes. Son visage s'assombrit. La légende voulait qu'après avoir vu une étoile filante, on fasse un vœux qui alors se réaliserait. Le problème de la jeune fille, c'est qu'elle ne savait jamais quoi faire comme souhait. Elle laissait donc passer sa chance.

- Dis-moi ... T'es toujours aussi active ? Parce que là, ça fait peur quand même, faudrait penser à prendre du tranxène ...

Selvi sursauta. Ses réflexions l'avaient totalement coupée de la réalité, au point qu'elle en avait oublié la fille qui se tenait à côté d'elle. Elle l'observa un moment. Soudain, l'étudiante leva son bras et saisit le sien. Selvi sentit ses poils se hérisser. Quelques secondes s'écoulèrent sans que plus rien ne bouge. L'adolescente n'aimait pas du tout ce contacte. Elle n'avait pas l'habitude qu'on la touche et sentir les doigts de la fille sur son bras était désagréable.

Selvi retira son bras d'un mouvement sec.

J'aime avoir mes moments de calme. On ne se connait pas, je ne vois pas en quoi ça te dérange.

Elle marqua une courte pause.

Et puis, je suis en tout cas assez active pour ne pas être morte de fatigue en montant les escaliers.

Ça c'était dit. Selvi n'avait pas réfléchi, mais peu importe la conséquence de ses propos, elle ne regrettait rien. Le ton moqueur de l'étudiante, ainsi que ce qu'elle avait ressentit pendant le contacte n'avait pas joué en la faveur de la fille.

L'adolescente ne quitta pas la fille des yeux, guettant le moindre geste. Ce qui s'était passé avec Mai ne se réitérerait pas. Cette fois-ci, elle ne se laisserait pas marcher dessus.

- Pas de ma faute si cette folle de secrétaire m'a courut après toute la journée pour me faire faire de la gym' ...

- En tous cas c'est sûr que rester à regarder les étoiles, ça fatigue pas, en comparaison.

Selvi garda toujours les yeux fixés sur sa voisine, mais en entendant sa première intervention l'adolescente haussa un sourcil. Cela se confirmait, elle avait face à elle un spécimen déjà catalogué, une fille qui détestait le sport. Selvi détacha son regard de la fille, désintéressée.

Sécher un cours de sport, il ne fallait pas être bien dans sa tête. Ne pas être doué est une chose, ne pas du tout vouloir en faire en est une autre. On se sent tellement bien après avoir couru pendant quelques minutes. On s'est dépensé, on peut être fier de soi. Selvi secoua la tête. Elle n'avait vraiment pas de chance. Dans son ancienne école, c'était ce genre de fille qui faisait la loi. Des nunuches qui ne pensent qu'à leur manucure et leur coiffure. Maquillée comme des clowns, ce sont des aimants à mecs. L'adolescente n'était pas sûre de se trouver face à une fille de ce genre, mais quoi qu'il en soit, elle se devait de faire attention. Une réputation est très vite faite. Être la fille timide, désintéressée qui ne parle jamais, ce n'est pas désagréable. On vous fout la paix, on ne vous embête pas. Mais il suffit d'une rumeur douteuse et c'est les railleries, les embuscades et les gags vraiment pas drôle. Selvi voulait éviter tout ça. Elle était passée entre les gouttes jusqu'à maintenant, il n'était pas question de tomber dans le piège. L'adolescente fut sortie de ses pensées par une nouvelle intervention de la jeune fille.

- En tous cas c'est sûr que rester à regarder les étoiles, ça fatigue pas, en comparaison.

Selvi sourit.

Il faut bien des pauses. On ne peut pas faire du sport tout le temps.

Elle marqua un temps et prépara sa prochaine sortie.

Mais vouloir sécher les cours, c'est vrai que c'est sportif. En tout cas, c'est un bel esprit, bravo.

Son ton était on ne peut plus sarcastique. Qui était cette fille pour venir comme ça la déranger sans raison? Selvi hésitait entre rester et ignorer l'étudiante et partir. Si ça continuait comme ça, elle ne tiendrait pas très longtemps. Ce contact bizarre avec la fille l'avait rendue de mauvaise humeur. Elle espérait que sa réaction ferait partir l'importune

- Je ne séchais pas un cours mais un des entrainements qu'elle veut me faire faire parce qu'elle est persuadée que je vais devenir la prochaine championne du monde de gymnastique. Nuance.

- Alors comme ça tu aimes le sport ? Un en particulier ?

Il y eut un silence et Selvi se laissa espérer que la fille partirait, mais cette dernière ne bougea pas. Au contraire, elle semblait apprécier l'endroit. Elle répondit d'un ton détaché.

- Je ne séchais pas un cours mais un des entrainements qu'elle veut me faire faire parce qu'elle est persuadée que je vais devenir la prochaine championne du monde de gymnastique. Nuance.

L'adolescente sourit. Soit la secrétaire était aveugle, soit la fille lui racontait des blagues. Comment pouvait-on penser qu'une fille, incapable de monter les escaliers sans être exténuée, pourrait devenir une championne de gymnastique. C'était lamentablement stupide. Selvi retint un soupir lorsque sa voisine reprit.

- Alors comme ça tu aimes le sport ? Un en particulier ?

L'adolescente secoua la tête. De quoi se mêlait-elle? Pourquoi fallait-il qu'elle pose des questions? Comment pouvait-elle s'intéresser à elle? Ça devait être pour combler le vide. Peut-être n'aimait-elle pas le silence. Selvi laissa donc le silence s'installer. Cela ne la gênait pas et elle n'avait rien à perdre. Peut-être que cela rendrait l'autre mal à l'aise. L'adolescente se remit à contempler les étoiles. Elle se dit qu'un vœux intelligent aurait été de demander la solitude et le calme. Tant pis, se serait pour la prochaine fois.

Plusieurs minutes s'écoulèrent, sans qu'aucune des deux filles ne bougent. Selvi se décida donc à répondre, peut-être que sa réponse contenterait sa voisine.

J'aime courir.

C'était bref, mais vrai. Chaque jour, elle courait. Parfois, elle allait en forêt le matin lorsqu'elle se réveillait assez tôt. Le plus souvent, elle y allait le soir. La forêt était son endroit préféré. Peu d'élèves s'y aventuraient, préférant sans doute le parc. Selvi aimait le calme apparent de la forêt. Elle aimait être surprise par le chant d'un oiseau et le bruit d'un animal qui fuit. Parfois, elle s'arrêtait et attendait. La jeune fille avait ainsi eu l'occasion d'apercevoir un écureuil. Cela l'avait amusée.

L'adolescente se mit à rire sans bruit.