Dans la pénombre de la chambre, une jeune fille n’attendait plus que le couvre feu pour dormir. Sa journée avait été assez difficile et ses yeux le prouvaient bien, développant de légères cernes sans qu’elle n’ai rien demandé. Cependant, en attendant, elle jouait avec les touches de son appareil électronique, discutant avec sa meilleure amie pourtant située dans la chambre d’à coté. Car, malgré ce détail, qui ne savait pas que ce que l’on pouvait écrire ne rejoignait pas toujours les paroles que l’on était capable de prononcer à haute et intelligible voix ? Alors que le message annonçait un « envoyé » simple et concis, la porte avait délicatement grincée, annonçant sans nul doute l’arrivée d’un visiteur nocturne.

Rapidement, la Kunimoto, dans l’ombre de la pièce, ferma le keitai sur lequel elle pianotait, surprise de l’intrusion, ses yeux passèrent instinctivement au doré, signe que son don avait été activé. Mais, lorsque ceux-ci seule source lumineuse de son côté de la pièce, rencontrèrent ceux de son invité surprise, elle soupira légèrement.

Des iris noisette, comme les siens. Un regard interrogatif, différent du sien ou même de celui de quelqu’un qui lui voudrait du mal. La Kunimoto activa rapidement sa mémoire visuelle car elle savait que celle des noms mettait toujours un peu plus de temps à se mettre en route. Remarquant le CD que le jeune homme portait à la main, le déclic se produisit de lui-même. Itsuki. Il s’agissait d’Itsuki, garçon rencontré au détour d’une rue commerçante. Au final, quelques secondes lui avaient suffi pour mettre un nom sur ce visage. La pression retomba, détendant ses muscles et faisant en écho regagner leur couleur normale à ses yeux. La surprise nous faisait souvent réagir d’instinct un peu trop vite.

En y réfléchissant bien, ce garçon possédait un don fort intéressant, même de son point de vue à elle qui habituellement rechignait quelque peu à ne compter que sur les dons. De mémoire, il s’avérait capable de jouer avec l’informatique mieu que quiconque et, en usant de son don, était capable d’obtenir des informations inestimables. Plus qu’intéressant finalement ce jeune homme. Il pourrait s’avérer un précieux allié dans l’avenir. Il fallait qu’elle trouve comment le rallier à sa cause ! Ou, au moins pour le moment, qu’elle sache ce qu’il avait déjà appris et ce qu’il en pensait et peut-être même en rêvant un petit peu, ce qu’il comptait faire.

Tout ceci était bien beau, mais, de belles idées accolées ne menaient à rien. Alors, comment procéder ? La blondinette n’avait pas vraiment le choix : tout lui avouer, ou, jouer la carte de la manipulation en tentant une façon plus subtile de l’amener à se confier. Le choix avait été vite fait, le temps de déposer le keitai sur le lit à vrai dire.

D’une démarche précipitée, en courant presque, Yuka se hâta près de la porte, un coup d’œil furtif à droite, puis à gauche afin de vérifier qu’aucune oreille indiscrète ne pouvait trainer dans le couloir. Elle referma ensuite la porte derrière le dos du pauvre garçon sans lui laisser le temps de répliquer, dévoilant seulement la chambre d’une SA et, le corps de cette même adolescente dans une tenue que peu lui avait vu étant donné que les T-shirts longs qu’elle avait l »habitude de porter la nuit laissait deviner ses formes à qui aurait bien voulu les regarder. Dans malgré tout ces futils vêtements, la beauté sauvage des SA faisait presque penser à un chaton abandonné. Les cheveux légèrement emmêlés, le regard inquiet, elle se jeta sans ménagement dans les bras d’Itsuki qui n’avait rien demandé, aggrippant les bras du jeune homme fermement, comme si sa vie en dépendait.

« Oh, Itsu…si tu savais comme j’ai peur. »

La voix emplit d'émotions mais aussi légère qu’une plume, raisonna doucement dans la chambre. Un aveu difficile à faire en temps normal prouvant que la jeune fille était perdue. La seule chose qui aurait pu manquer au tableau était les larmes cristallines. Elle, se contentait de renifler bruyamment, sans vraiment pleurer puisqu’elle en était incapable. Cela n’aurait de toutes manières pas servies à grand-chose d’humecter son visage pâle, si ce n’était à tremper le T-shirt d’ Itsuki d’eau inutile.

« S’il te plait… » murmura-t-elle encore plus doucement, comme une prière inachevée qui voulait tout et rien dire à la fois.

S’il te plait, laisse moi rester comme ça dans tes bras protecteurs ?
S’il te plait, reste avec moi et aide moi, j’ai besoin d’une présence car je suis à bout de nerfs ?
Ou bien, s’il te plait, crois moi…