Repos dans le parc[pv Will]

C'était une belle journée d'été. Le soleil couvait de ses doux rayons le vaste parc de l'école et une légère brise venait caresser les branches des arbres. Quelques nuages blancs parsemaient le ciel d'un bleu clair. De nombreux élèves profitaient de la lumière et de la chaleur, assis sur un banc ou allongés dans l'herbe. Selvi profitait de son temps libre pour apprécier pleinement les bienfaits de l'astre du jour. Elle s'était trouvée un banc exposé et, tête tournée vers le ciel, fermait les yeux. De la forêt, on pouvait percevoir le chant des oiseaux. La jeune fille ne s'y connaissait pas assez en ornithologie pour pouvoir distinguer les belles mélodies de chaque volatile, mais elle aimait écouter leur douce symphonie. Le rythme était calme et les sons, précis, s'élevaient en crescendo, puis en decrescendo. Il se passait parfois plusieurs secondes entre les réponses, mais il pouvait aussi arriver que les voix s'entre-mêlent. A l'écoute de ce concert, elle se sentit envahir par un sentiment de paix. Pas étonnant que les étudiants aiment se reposer un instant en ce lieu.

La jeune fille ouvrit les yeux et observa les autres élèves. La plupart somnolait au soleil, d'autres discutaient et certains jouaient avec un ballon. Il y avait aussi quelques couples, assis sur un banc ou contre un arbre, enlacés et se dévorant des yeux. Selvi renifla. Elle ne parvenait pas à comprendre ce genre de personnes. Comment pouvait-on rester accrocher à une personne sans ressentir de l'ennui. Elle les oublia vite et repensa à l'ensemble des élèves présents. Ils ne semblaient pas différents de tous ceux qu'elle avait connu jusqu'à maintenant. C'était des personnes comme les autres, des étudiants profitant d'une belle journée ensoleillée et de leur temps libre. Pourtant, les mesures de sécurités prises pour les protéger du monde extérieur étaient flagrantes... ou était-ce pour les empêcher de sortir. Selvi secoua la tête. Elle était là pour apprendre à contrôler son don. On devait donc chercher à les protéger des fous qui les prendraient sûrement pour des monstres s'ils apprenaient leur capacité. Mais avaient-ils tous des capacités comme elle, ou était-elle la seule? La jeune fille soupira. Elle se leva et fit quelques pas pour se dégourdir les jambes. Elle commença à faire le tour du parc, errant sans idée précise.

Après avoir marché un bon moment, elle chercha un banc et s'y assit. Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas tout de suite qu'une autre personne y était déjà assise. L'étrangère la regarda, mais elle n'y prêta pas attention. Elle fulminait contre elle-même. Son inattention l'agaçait, mais elle avait l'habitude. Elle n'allait pas changer comme ça, les rêveries faisaient partie de sa nature. Selvi resta assise un moment, sans bouger, puis, sans même jeter un regard à sa voisine de banc, elle se leva et se remit à marcher.

Invité

[Désolée, quelques petits soucis d'ordi...]

Je respire à fond tandis que je me dirige d'un pas tranquille vers un banc du parc. Avant de m'assoire, je me rappelle de la dernière fois que je suis venue, la veille au matin. J'avais rencontré sur un banc semblable une universitaire vraiment étrange mais très sympathique qui s'était assise sur une limace ! Beurk, j'aimerai autant pas que ça m'arrive... En plus, mon jean au niveau de mes genoux est déjà rapé -à cause de mes nombreuses chutes- alors je ne compte pas en plus avoir une tâche de machin gluant sur le derrière. Pour le coup, j'aurai vraiment l'air d'une clocharde et ici, dans cette école, il n'y en a pas, des clochards.

A peine assise, évidement, mon esprit vogue vers d'autres aventures et je ne fais donc absolument pas attention au chant des oiseaux -qui m'horripile incroyablement le matin !- ni au léger souffle d'air qui me caresse agréablement les joues.
En fait, c'est presque impossible que je fasse gaffe à quelque son que ce soit si il n'est pas agessif: j'écoute de la musique, voyez-vous. "Just my imagination" des Cramberries, un groupe que j'aime écouter de temps en temps.
Pendant que Miss O'Riordan chantonne "Just my imagination", je repenses à mon rêve de l'autre nuit, celui où j'ai failli LE retoucher. Là aussi, c'était "just my imagination" et pourtant...
Je soupire doucement et ferme mes yeux aux iris vert d'eau.
Alors je m'y revois, LA-BAS. Il est pas loin, j'en suis sûre... Il me semble l'entendre jouer de la guitare, gratter ses accords si particuliers qui ne peuvent appartenir qu'à lui...
Lorsque je réouvre les paupières, un bon moment plus tard, mon regard est attiré par une forme à coté de moi. Je tourne la tete et me retrouve alors nez à nez avec une autre fille, de mon niveau scolaire, il semblerait même. Je n'ai pas le temps de dire ouf que celle-ci se lève et s'en va, sans rien dire, me laissant en plan comme jamais.
Euh...ouais...mais encore ? Certes elle a l'air énervée, mais moi, j'ai rien fait !
Oh !

"Hey ! Attends !"

Je cours pour la rattraper. Mon Dieu je vais tomber... Non, ça va, j'arrive sans encombre à sa hauteur... Je lui tends le papier que je viens de remarquer à l'endroit où elle se trouvait un instant auparvant. Je ne l'ai pas lu, je ne suis pas curieuse à ce point.

"Hum...c'est à toi ? Il n'était pas là quand je suis arrivée et là, il était sur le banc...."

J'espère que cette fille se rend compte de la chance qu'elle a. Hier encore, je n'aurai pas osé l'aborder. Alala, les bonnes résolutions et les rencontres qui se passent bien donnent des ailes !

[oki ;) Et bien tu vois, je n'ai pas été très rapide, semaine chargée, désolée!]

"Hey ! Attends !"

Selvi n'avait pas fait trois pas que l'autre élève l'interpellait. La jeune fille se raidit. Elle n'était pas dans un mauvais jour, mais elle avait perdu l'habitude qu'on l'appelle. Elle s'était tellement coupée du monde depuis qu'elle avait « changé », qu'elle ne s'était pas attendu à ce que la fille lui parle sans raison. Les gens de son ancienne école l'évitaient et ne lui parlaient que quand c'était une vraie nécessitée, mais il était normal qu'ici on l'interpelle. Après tout, personne ne l'a connaissait, pas encore.

"Hum...c'est à toi ? Il n'était pas là quand je suis arrivée et là, il était sur le banc...."

Selvi regarda l'inconnue qui était à présent à sa hauteur et qui agitait devant ses yeux un bout de papier. Elle réfléchit quelques secondes, laissant s'installer le silence, comme si le temps s'était arrêté. Elle observa l'étrangère sans plus d'intérêt. Cette dernière portait un T-Shirt et un jeans déjà usé aux genoux. Cela ne donnait pas une allure très soignée. Selvi, elle, portait l'uniforme. Après tout, c'était le règlement. Peut-être devrait-elle revoir ses principes. Revenant à la situation présente, l'adolescente se demanda si elle devait parler à l'inconnue ou l'ignorer. Cette dernière devait sûrement sentir un certain mal-aise. Du moins, c'était ce que ressentait les gens en général. L'étrangère tenait toujours le billet déclencheur de la situation. Et semblait attendre patiemment une réponse, mais ce n'était peut-être qu'une illusion, un masque. Selvi soupira. Elle n'avait que faire de ce bout de papier qui ne lui appartenait pas, mais elle se décida à parler.

"Non, il n'est pas à moi."

Certes la réponse était brève, mais elle avait l'avantage d'être claire. Un nouveau silence s'installa. L'adolescente semblait attendre une suite à la courte réponse de Selvi, mais cette dernière ne rajouta rien. Les deux filles se regardaient dans le blanc des yeux, sans bouger. De nouvelles secondes s'écoulèrent, puis Selvi décida de rompre le silence.

"Et je ne sais pas qui l'a mis là."

Nouveau silence, mais cette fois, ce serait à l'inconnue de le briser.

Invité

Cette fille me rappelle moi quelques mois plus tôt. Elle ne doit pas aimer la compagnie, ou n'a pas eu l'habitude de cotoyer des gens.
Moi, j'ai mis du temps à me souvenir que c'est bon d'avoir des amis avec qui rigoler, à qui se confier, avec qui se chamailler pour ensuite mieux se retrouver. Alors si elle n'a même pas connu ça, il faut carrément lui montrer ce qu'elle perd. Mais c'est mal parti.
Sa réponse, quoique sans équivoque, me laisse comme un rond de frite. Si c'est pas son papier, alors c'est celui de qui? Pas le miens en tout cas. Enfin je crois pas....
Oulah, gros doute. Bon, je regarderai plus tard, histoire de pas me taper la honte si c'est effectivement à moi.
Un ange passe, comme on dit.
Cet ange, la fille en face de moi décide de le tirer à coup de flèches destructrices car elle ajoute un truc.
Ah, elle ne sait pas qui l'a mis là. Ben j'ai envie de dire, moi non plus !

Je souris:

"Je sais pas non plus. Mais dis-moi, t'as l'air d'avoir mon âge, t'es en classe D aussi ?"

Mouai bon, on fait mieux comme première approche, mais je suis débutante en la matière, ne l'oublions pas.

"Je sais pas non plus. Mais dis-moi, t'as l'air d'avoir mon âge, t'es en classe D aussi ?"

Selvi regarda son interlocutrice d'un œil suspicieux. La curiosité de cette dernière l'a mettait un peu mal à l'aise, mais elle sentait poindre un autre sentiment, une sorte de réminiscence. Elle se souvenait vaguement d'une période où les gens s'adressaient à elle sans la regarder avec dédain ou mépris. La jeune fille secoua la tête. C'était trop vague, un rêve peut-être. Sentant que l'inconnue attendait quelque chose, Selvi répondit.

"Oui, je suis bien en classe D. "

Elle se tut et laissa s'écouler le temps. La conversation était tout à fait banal, et pourtant cela semblait très étrange à la jeune fille. Même ses parents ne lui parlaient plus depuis longtemps, sauf si c'était nécessaire bien sûr. Elle ne voulait pas parler, pas faire d'effort pour paraître agréable, mais une voix lui intima l'ordre de rajouter quelque chose.

"Du moins, c'est ce qui est noté sûr mon horaire."

Piètre réplique, il est vrai, mais c'était au moins ça de sortie et puis l'autre n'avait qu'à se contenter de ça. Rien n'obligeait la jeune fille à alimenter la conversation. Elle n'aimait pas parler, elle préférait rester seule avec ses pensées, son univers, mais les gens ne voyaient pas les choses de la même manière. Il fallait toujours discuter. Le pire était que le sujet était souvent de mauvaise qualité; entre parler du beau temps ou de l'orage qui approche... La jeune fille s'était retirée du monde. Son esprit était son antre, son refuge. À cet endroit-là, personne ne se moquerait d'elle, personne ne la regarderait de travers. Elle n'avait jamais eu à subir les railleries de ses camarades, car elle avait su garder son secret. Mais la situation avait changé, elle s'était retrouvée dans un nouvel établissement et les gens chercheraient à faire sa connaissance. Elle était nouvelle, centre d'attention; tout ce qu'elle cherchait à fuir, car pour le moment, elle doutait encore des raisons de sa venue dans cette école. Les autres élèves étaient-ils vraiment comme elle? Où n'était-ce qu'un subterfuge de ses parents pour l'éloigner de la maison familiale? Il est vrai qu'elle n'avait pas fait beaucoup d'efforts. Elle vivait recluse dans sa chambre ou fuyait la maison. Ses parents en avaient peut-être eu marre d'elle et il l'avait envoyé dans un internat.

Remuant ces sombres pensées, elle en avait totalement oublié la jeune fille qui se tenait toujours en face d'elle.

Invité

Avant que l'inconnue ne me confirme son appartenance à la classe D, je la vis secouer la tête. Ce geste me sembla provoqué davantage par un souvenir ou une pensée que l'on veut chasser qu'à une réponse négative. La suite d'ailleurs me donna raison.
En attandant, évidement, je me mis à réfléchir. Qu'est ce que ma question avait bien pu lui rappeler ? Un accident en cours peut être ? Hmm... impossible, j'aurai été au courant. Bah, la pensée est complexe et notre subconscient trouve parfois des liens entre deux choses qui n'ont, de prime abord, aucun lien l'une avec l'autre. Tout ça pour dire que je ne saurais jamais ce qui l'avait fait secouer la tête. Mon Don me permettait de lire seulement des souvenirs qui me concernent et j'ai vérifié. Le résultat ? Un mur. Je suis donc dans l'incapacité d'utiliser mon Don ce qui, en clair, signifie qu'elle ne pensait à une action passée que j'avais fait.

Je me reconcentrai alors sur la réalité pour constater... Ben rien, elle ne dit rien, je ne dit rien. Le silence quoi.

"Du moins, c'est ce qui est noté sur mon horaire."

Nié ? Un instant, je songai à lui demander ce qu'elle entendait par là quand je cru comprendre. Aaaaah, c'était de l'humour, c'est ça ? Je me frapperai contre un mur des fois...
Je souris.

"Ca fait longtemps que tu es ici ? Il ne me semble pas t'avoir déjà vu..."

Je m'étonnai de constater avec quelle facilité j'enchainais les questions. Ce qui me fit douter. Je m'empressai donc d'ajouter:

"Je t'ennuie peut être avec mes questions ! Désolée..."

Cette fille me semblait préférer de loin la solitude. Moi, j'avais franchi ce cap et j'aurai aimé le lui faire franchir aussi, mais je m'y prenais certainement très mal...

"Ca fait longtemps que tu es ici ? Il ne me semble pas t'avoir déjà vu..."

Selvi sursauta et observa, éberluée, la jeune fille qui se trouvait en face d'elle. Après quelques secondes, elle se reprit et afficha un air neutre. Comment avait-elle pu se retrancher dans ses pensées à tel point qu'elle en avait oublié le présent? Elle voulut répondre, mais l'inconnue enchaîna.

"Je t'ennuie peut être avec mes questions ! Désolée..."

L'adolescente soupira. Son interlocutrice n'avait pas tort... et en même temps, elle n'était pas dans le vrai. Certes, il était juste de dire que toutes ces questions et cette conversation lui donnaient le tournis, mais étrangement elle ne cherchait pas à fuir. Nombre de fois, elle avait simplement tourné le dos aux personnes qui tentaient d'entrer en contact, surtout dans ses mauvais jours. Lorsqu'elle était de bonne humeur, elle se contentait de répondre aux questions sans alimenter la conversation, mais il n'était pas rare qu'elle s'en lasse vite. En ce moment, elle ne ressentait pas le besoin de fuir. C'était une belle journée, elle était bien tournée. L'inconnue ne mesurait sans doute pas sa chance, mais Selvi s'en fichait, en fait, elle ni pensait même pas. Elle se contentait d'être polie et tentait de paraître sympa. Après tout, elle commençait une nouvelle vie, dans une nouvelle école. Peut-être arriverait-elle à cacher son don tout en s'ouvrant quelque peu. La jeune fille hocha à nouveau la tête. Elle n'en avait pas le droit. Elle avait vu bon nombre de films à la télévision où les super-héros se cachaient et vivaient dans le secret. L'adolescente avait aussi vu le fameux rejet de la société et le super-héros qui se retrouvait sur la touche. Elle ne voulait pas vivre une situation pareille et même si ce n'était que fiction, le fait qu'elle aie un don sortait de la réalité. Elle ne connaissait pas les frontières de cette nouvelle réalité et cela l'effrayait. Elle était spéciale et son cas n'avait pas de loi bien défini. Elle devrait les découvrir seule.

Afin de se donner une certaine contenance, Selvi se racla la gorge avant de répondre.

Non, je suis arrivée hier.

Rester lucide et faire face à l'adversité, son combat depuis six ans...

Invité

Mes questions la faisaient sursauter maintenant... Elle avait donc l'esprit réellement ailleurs. Je fesais donc bien de lui demander si je l'ennuyais. Le silence qui suivit me donna l'impression que la réponse était positive, bien qu'elle ne la formula pas à haute voix, ce qui me mit mal à l'aise. Qu'étais-je censée faire ? Cette fille, j'avais bien envie qu'elle se sociabilise un peu, mais elle fesait tout pour m'écarter de ce but. Je suis une débutante moi, lorsqu'il s'agit d'aller vers les autres ! Si elle souhaitait que l'on continue notre discution pour peut être enfin arriver à des sujets plus intéressant, il faudrait qu'elle me donne un coup de main. Parce que je patauge dans la semoule là...
Finallement, elle me répondit, après s'être raclée la gorge, qu'elle était arrivée la veille.
Ah, voilà qui expliquait tout. En même temps, je réalisai que je ne connaissais pas son prénom. Remarquez, il est sans doute trop tôt pour que je le lui demande.
J'agissai donc comme une sorte de marraine:

"Ah je me disais aussi. Tu n'as pas eu trop de mal à trouver ta chambre ? Tu es avec d'autres filles ? Tu les as déjà vu ?"

Moui je sais, je l'assaillais trop, mais en même temps, je n'allais tout de même pas attendre trois ans qu'elle me réponde à une, en reposer une puis re-attendre trois ans.... Non.

"Ah je me disais aussi. Tu n'as pas eu trop de mal à trouver ta chambre ? Tu es avec d'autres filles ? Tu les as déjà vu ?"

Selvi ouvrit de grands yeux. Voilà que l'inconnue l'assaillais de questions, certes banales, mais des questions quand même. Depuis quand n'avait-on pas attaché tant d'intérêt à la connaître? Situation pour le moins déstabilisant et elle se devait de répondre à chacune des questions, de quoi donner des vertiges. La jeune fille se reprit et chassa de son esprit ces pensées embrouillées. Elle réfléchit aux interrogations posées et répondit sans plus attendre.

Non, je suis allée au secrétariat pour les informations. J'y ai reçu mon horaire, ma chambre et plein de paperasse que je n'ai pas encore lu.

Elle se mordit la lèvre en pensant aux feuilles empilées sur sa table de chevet.

Je n'ai pas de problème d'orientation, j'ai donc trouvé ma chambre très facilement. Il y a deux filles avec moi, dont une que je ne connais pas encore. Elle n'est pas rentrée de toute la nuit. Quant à l'autre, elle s'appelle Mai. On a fait connaissance hier soir. Elle est entrée dans la chambre quand je rangeais mes affaires. 'fin bref, je t'épargne la conversation.

Selvi se tut. Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte de la quantité de mots qu'elle avait prononcés. Elle en avait la gorge sèche, rien que d'y penser. La jeune fille prit grand soin d'avaler sa salive, même si ce n'était qu'une illusion.

Ses jambes commençaient à lui faire mal, elle décida donc d'aller s'asseoir sur le banc qu'elle avait quitté quelques minutes plus tôt sans en référer à son interlocutrice. Personne n'avait pris leur place et rien n'avait changé. Elle s'assit exactement à la même place qu'avant et observa l'inconnue toujours planté à quelques mètres de là.

Selvi sourit. Que de progrès! Elle s'étira de tout son long en attendant de voir si l'adolescente allait la rejoindre ou partir, vexée par son comportement. Ça ne serait pas la première fois qu'on se désintéresserait d'elle ou qu'on abandonnerait face à son manque de bonne volonté, pourtant cette fois-ci, elle y avait mis un peu du sien. Ce n'était pas flagrant, mais subtil.

Invité

Je m'attendais à un énième silence suivant ma question, mais cette fois, il y eut au moins une réaction qui me fit hausser un sourcil. Pourquoi cette fille -tiens, je ne connais pas son identité- écarquille ainsi ses mirettes ? Ce que j'ai dit est-il si étonnant ? Ah, ce devait être sans aucun doute le nombre de demandes qui lui fit peur. Grand dieux, vu comme elle était loquace, je la comprenais. Me répondre signifiait parler plus que ce qu'elle avait fait jusqu'à présent...
Ah ! A peine y songeai-je que j'entendai sa voix me disant qu'elle était passée par l'administration. En y repensant, c'était normal et logique.

"Bah, y'a rien d'important dans ces papiers de toutes façons."

Les mots me venaient plus facilement au fur et à mesure que je côtoyai des gens, c'était impressionnant ! Bientôt, il faudrait que je me retienne d'émettre un son de plus. Cela m'amusa et je souriai. L'intervalle entre ma phrase et ce sourire était si court qu'il pouvait tout à fait être lié du point de vue de l'inconnue.
Je ne la vis pas se mordre la lèvre, néanmoins, j'étais "sur terre" lorsqu'elle continua.
Cette fois ce fut mon tour d'écarquiller en graaaand mes yeux vert d'eau. Avec Mai ? Une fille qui n'est pas rentrée de la nuit ? Hmm....
Elle m'épargnait la conversation... et me tourna le dos. je restai là, sidérée avant de me rendre compte qu'elle s'était juste assise. Bon, elle devait être fatiguée, voilà tout. Qu'étais-je censée faire ?
Ah ! Elle m'a sourit ! Je le lui retournais avant de m'approcher et de m'asseoir à son coté, pas trop près quand même.
Ah les bancs du parc... Deux rencontres, deux ici. Décidément, j'aime cet endroit et il me le rend bien !
Je la regardai, haussant un sourcil interrogateur, quoique je sois casiement sûre de la réponse:

"Ah tu dois être en chambre 17 des filles de collège, non ?"

J'attendais son approbation dont je ne doutais pas qu'elle allait venir et lorsque ce fut fait, lui tendit la main, le visage certainement lumineux et fier de l'effet qu'allait faire ma phrase suivante:

"Will Tawkeru, la fille qui n'est pas rentrée de la nuit. Enchantée !"

"Ah tu dois être en chambre 17 des filles de collège, non "

Selvi se crispa imperceptiblement. Comment son interlocutrice pouvait être au courant de son numéro de chambre? Elle prit soin de desserrer ses mains qui emprisonnaient ses genoux avant de répondre d'un signe de tête. Soudain une idée traversa l'esprit de l'adolescente; la jeune fille devait connaître Mai. C'était donc pour cette raison qu'elle savait son numéro de chambre. Elle retint de justesse un soupir de soulagement. Elle se détendit, sûre de la justesse de son jugement. Elle sursauta quand la jeune fille lui tendit la main. Elle affichait une mine plus que satisfaite, mais Selvi n'eut pas le temps de s'inquiéter, car son interlocutrice rajouta une phrase.

"Will Tawkeru, la fille qui n'est pas rentrée de la nuit. Enchantée !"

Selvi ouvrit de grands yeux ronds. Heureusement qu'elle s'était assise, sinon elle serait sûrement tombée à la renverse sous le coup de la surprise. L'adolescente regarda fixement la main tendue et laissa son esprit s'évader. Ainsi, Will, puisque c'était comme ça que son interlocutrice s'appelait, dormait dans la même chambre qu'elle. Elles étaient colocataires et se parlaient, depuis elle ne savait combien de temps, s'en le savoir. Hier soir Mai et aujourd'hui Will, cela ne faisait pas deux jours qu'elle était arrivée dans cette nouvelle école et elle avait déjà parlé avec plus de personnes qu'en un mois dans son ancien établissement scolaire. Un renouveau, une nouvelle vie qui commençait, était-ce vraiment possible?

Le temps s'écoulait, la jeune fille fixait toujours cette main tendue qui n'était pas du tout innocente. C'était une invitation, un pas de plus à faire et Selvi devait faire preuve de courage. C'était comme si cette main lui intimait l'ordre de tourner une page, de recommencer quelque chose, de profiter de la vie et de rattraper le temps perdu. Elle revit quelques flashs, elle entendit vaguement le son de sa voix lorsqu'elle riait, mais tout cela faisait partie du passé. Rien de concret, rien de présent, seul un souvenir brouillon de ce qu'avait été sa vie d'avant. Comment une main tendue pouvait-elle ramener tant de choses si profondément enfuies?

Selvi leva les yeux et fixa le visage de Will. Cette dernière semblait hésitante, sans doute était-ce dû à son manque de réactions. D'un geste mal assuré, l'adolescente détendit ses mains, faisant craquer les os restés trop longtemps crispés, puis d'un mouvement lent, vint serrer la main de sa colocataire.

Enchantée, moi c'est Selvi, Selvi Okada.

Invité

La surprise de l'inconnue alors que j'annonçais triomphalement être sa colocataire m'amuse beaucoup. Gentillement, sans méchanceté hein. C'est rigolo quand même, faire la connaissance d'une camarde de chambre comme ça ! Si je ne n'avais pas remarqué ce papier sur le banc et que je n'avais pas eu le courage d'aller aborder une personne que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam.... ben on aurait eu des drôles de têtes ce soir en se voyant, toutes les deux. Si tant est qu'elle se souvienne alors de moi.

Bref, passons avant que je ne me morfonde encore de ma non-différence qui fait que l'on ne se souvient pas beaucoup de moi (même lorsque je n'utilise pas mon Don, hein).

Elle fixe ma main et ne semble pas du tout certaine de la marche à suivre. A moins qu'elle hésite à la prendre, ma paluche. Hey quoi ? J'ai pas plus de microbes que l'humain normal, je me lave les mains régulièrement moi !
Je fronce le nez en attendant sa réaction, à deux doigts de me vexer quand je me rappelle qu'elle est particulièrement longue à la détente. Pfff déjà que c'est pas évident pour moi, elle m'aide vraiment pas !

Ah enfin ! Elle lève ses iris sur moi et me regarde. J'imagine qu'elle est entrain d'essayer de "m'étudier", de savoir ce que je pense.
Je ne sais pas ce qu'est son Don, je vais donc m'éforcer de ne penser à rien. Pense à ri -j'aime bien sa tenue. Loupé. j'ai aucune volonté.

A deux doigts de baisser les bras à cause de mes facultés médiocres, elle bouge.
Beurk, j'aime pas les bruits de craquement d'os... j'en frissonne. Mais elle saisit ma main et m'informe même de son nom et prénom.
Selvi Okada...tiens, c'est bizarre...
Un peu rougissante, j'ose demander:

"Hum c'est pas japonais Selvi, si ? ENfin, sans indiscrétion hein !"

Pourquoi j'ai posé cette question ? Je me maudis moi même... Parce que d'abord, ça se peut que ce soit japonais et ensuite parce que Will, c'est 1) pas japonais et 2) davantage un prénom de garçon que de fille. J'ai pas envie de m'étendre sur le sujet ...

"Hum c'est pas japonais Selvi, si ? ENfin, sans indiscrétion hein !"

En voilà une bonne question. Selvi n'avait jamais abordé le sujet avec ses parents. D'ailleurs, cela lui était égal de savoir d'où venait son prénom. Pourtant, quelques échos résonnaient dans sa tête, mais malheureusement trop peu audible pour qu'elle puisse en tirer quoi que ce soit, elle chassa rapidement l'idée qui naissait dans sa tête. Étonnamment, elle ne gardait pas un bon souvenir de ses parents, peut-être était-ce parce qu'elle les avait fuis depuis le moment où elle avait découvert sa nouvelle faculté. Elle avait créé un mur invisible entre elle et les personnes qui la chérissaient. Cela n'avait sans doute pas été sans conséquence.

Selvi secoua la tête. Penser n'allait pas tarder à lui apporter des maux de tête, c'est pourquoi elle mit fin à ses réflexions en répondant à son interlocutrice.

Désolée, mais je n'en ai pas la moindre idée. Je suis japonaise, mais quant à savoir si c'est aussi le cas de mon prénom...

Elle se tut et attendit. Selvi était un prénom qu'elle aimait. Même si elle ne savait pas l'origine de ce nom, elle l'appréciait vraiment. Il reflétait son caractère, sa personnalité, sa manière de vivre. C'était une chose vraiment importante qui donnait du sens à son existence. Un être humain sans prénom, sans nom n'était pas complet. Il lui manquait quelque chose, il lui manquait un lien avec le monde. Ce devait être horrible de ne pas avoir de prénom. La jeune fille frissonna à cette pensée. Pour chasser de sa tête ces sombres pensées, elle ne trouvait comme seul moyen que celui de poser une question.

D'où viens-tu, toi?

Soudain, elle repensa à une question qu'elle s'était posée.

Ces murs, autour de l'école, de quoi nous protègent-ils?

Elle sautait du coq à l'âne et Will aurait peut-être du mal à la suivre, mais elle ne s'en rendit pas compte tant son esprit était maintenant focalisé sur la réponse de la jeune fille qui lui faisait face.

Invité

La vitesse de réponse de ma camarade commençait doucement à augmenter, du moins j'en avais l'impression. Je m'en félicitai.
Je ne sus quoi ajouter après qu'elle m'eut dit ne pas connaitre l'origine de son prénom. En même temps, il n'y a pas grand chose à dire et c'est un sujet un peu bâteau...
Selvi -donc- fut parcourru d'un frisson alors qu'elle semblait en pleine réflexion.Hmm qu'est ce qui a pu caser cela ? Peut être connaitrais-je bien cette fille un jour ? Elle me rappelle moi quelques mois plus tôt à peine !
Bref, moi, j'ai évolué, et je compte bien la faire sortir de sa coquille elle aussi.
J'étais entrain de me demander ce que je pourrai encore inventer comme question sans aucun sens pour entretenir la conversation lorsque, à ma plus grande surprise, elle m'en posa une.
Certes elle ne fit que me retourner l'interrogation que je venais de lui porter, mais je considérais que c'était un grand pas pour elle. De ce que j'ai vu, elle dois pas avoir mal à la langue en se couchant le soir.
Donc, l'origine. Aha ! Alors que j'y songeais, je constatai avec amusement que malgré l'importance de ce genre de renseignement, on en me le demandait pas beaucoup ici !

Je souris, mes yeux devaient être brillants de reconnaissance lorsque je parlai de mon père et glacials quand je fis de même pour ma mère:

"Je suis également japonaise de mes deux parents. Mon père est un grand fan de la culture anglophone, donc il m'a donné un prénom dans ce sens, malgré les réticences de ma mère, plus vieux jeu."

J'eut l'impression d'en dire peu trop, de 'saôuler' Selvi. Elle avait du poser la question sans réel interessement en plus...
Je m'en voulus et mordilla ma lèvre inférieure, ce qui du se voir.

Tandis que je me morfondais, ma colocataire si l'on peut dire m'étonna encore en me demandant la raison pour laquelle les murs d'enceinte avaient été dressés.
J'haussai les épaules:
"Nous protéger du monde extérieur selon certains, nous emprisonner selon d'autres. A toi de te faire une opinion."

La réponse de Will la surprit. En quoi les gens cherchaient à les emprisonner? Étaient-ils tous aussi spéciaux qu'elle? Selvi s'en était doutée en lisant la lettre de l'école, mais cela n'était pas écrit noir sur blanc, seulement entre les lignes. Elle repensa alors à ce qu'elle avait tenté d'occulter, elle repensa à sa rencontre avec Mai et la dernière phrase de sa colocataire résonna à nouveau dans son esprit: « Si tu veux un conseille, ma petite, fais gaffe à comment tu parles aux gens dans cette école... Ou tu risques de le regretter amèrement... ». Elle frissonna à nouveau et sentit sa colère contre elle-même remonter. Selvi avait été idiote et elle comptait bien oublier ce moment. Elle secoua la tête pour chasser les souvenirs de son esprit.

La collégienne fixa ensuite son interlocutrice et hocha la tête, remerciant silencieusement la jeune fille de sa réponse. Fallait-il maintenant qu'elle relance la conversation? Était-ce ce qu'on attendait d'elle? À ce stade, Selvi n'avait plus tellement envie de parler. Avant d'arriver dans cette école, elle se serait simplement levée et serait partie. Mais là, ce n'était plus pareil. Elle eut une dernière pensée vers la furie et s'empressa de trouver une question. Elle se creusa les méninges, cherchant un sujet pour relancer la conversation, mais ne trouva rien. Le silence pesant prenait de l'ampleur et pour la première fois Selvi se sentit mal à l'aise.

Elle regarda son interlocutrice et tenta d'analyser la situation. Comment allait-elle réagir si elle se levait, là, maintenant? Non, ce n'était pas une bonne idée. Elle décida donc de laisser le silence prendre ses marques. Elle se désintéressa de la situation et laissa ses pensées dériver. Ses yeux vinrent se reposer sur le mur. Elle repensa alors à la traversée en bateau et à la beauté du paysage. La jeune fille ferma les yeux et écouta à nouveau le chant des oiseaux. C'était si beau.

La collégienne revint à la réalité et fixa Will. La jeune fille ne semblait pas du tout détendue. Selvi soupira et posa la première question qui lui vint à l'esprit.

Qu'est-ce que tu faisais sur ce banc?

Elle sourit devant sa question idiote, mais attendit la réponse de sa colocataire.

Invité

[HRP désolée de l'attente, je n'avais pas assez de temps pour RP '^^]

Décidement, dès que j'ouvre la bouche, elle s'étonne... Pourtant, je n'ai rien dit de surprenant. Il est tout à fait normal que des barrières autour d'une école aient plusieurs raisons d'exister, surtout dans un établissement comme Takuetsu... Mon opinion a ce sujet est d'ailleurs partagée, mais nous nous étalons pas là dessus, ce n'est pas très intéressant.
A vrai dire, je me demande ce qui pourrait l'être, interessant. Dans mes pensées s'entend. Après, au dehors, il y a pleins de choses qui méritent qu'on s'y attarde ! Par exemple... Pff pas envie de me torturer l'esprit à la recherche d'une quelconque idée.
Je me sens soudain d'humeur flemmarde et baille en mettant néanmoins soigneusement ma main devant ma bouche, histoire d'éviter à Selvi la vue divine de mes amydales magnifiques.

Qu'est-ce que tu faisais sur ce banc?

Hum elle entretient mieux la conversation que moi. Peut être est-elle finallement à un niveau plus haut que ce que je croyais de sociabilité. Hey, c'est cool !
Le temps de me souvenir de ce que je venais effectivement faire et je reparle, encore:

"Et bien, pas grand chose en fait. J'aime bien être dans le parc et j'avais pas cours alors .... Je te retourne la question, que venais-tu faire ?"

[je pense qu'on devrait arrêter de s'excuser, on est les deux dans le même cas xD]

"Et bien, pas grand chose en fait. J'aime bien être dans le parc et j'avais pas cours alors .... Je te retourne la question, que venais-tu faire ?"

Selvi ouvrit la bouche, puis la referma. Aucun son n'en était sorti, en fait, elle n'avait rien à dire. Pourquoi était-elle venu dans le parc? Voilà une bonne question. La jeune fille plissa les yeux et se mit à réfléchir. Elle se remémora les instants avant sa venue en ce lieu. Qu'est-ce qui l'avait poussé ici? Quel avait été l'élément déclencheur, la raison de ce mouvement?

Les oiseaux, le soleil, voilà ce qui l'avait amenée à l'extérieur. Elle avait du temps libre, elle n'avait pas voulu rester dans sa chambre, elle avait cherché le calme et l'air frai. L'adolescente sourit. Elle se rappela le doux chant des oiseaux, leur mélodie entraînantes, leur concert de sifflement. Elle se souvint aussi des rayons du soleil sur son visage. Elle s'était mise à l'écart pour apprécier l'été, rien de plus simple.

Sans s'en rendre compte, Selvi avait fermé les yeux à ce souvenir pourtant peu lointain. Elle les rouvrit et répondit à sa colocataire.

"Comme toi..."

La réponse était brève, mais clair. Cette fois-ci, la jeune fille ne fit pas l'effort de reprendre la conversation. Étrangement détendue, elle s'étira et s'assit de manière plus décontractée. Ses yeux s'attardèrent sur ses baskets brunes et blanches et son bas de pantalon effiloché. La taille convenait, mais la longueur n'était jamais adaptée. Elle soupira et replia le tissu pour tenter de ne pas le détruire davantage. Cela ne tiendrait pas longtemps, mais c'était déjà ça de gagné.

Elle se redressa et, mains sur les genoux, observa Will.